Cette page regroupe progressivement les sujets et les propositions de corrigé des jurys pour l’épreuve écrite commune d’anglais des Écoles normales supérieures de Paris et de Lyon ainsi que pour les épreuves d’option / de spécialité pour ces deux ENS. Les corrigés appartiennent évidemment à leurs auteurs et autrices.
Les rapports du jury se trouvent sur les sites des ENS de Paris et de Lyon.
Un immense merci à Clément Barnavon pour son aide en vue de la compilation des sujets et corrigés !
A/L
Épreuve commune (Paris et Lyon) :
Version et commentaire composé
Commentaire d’un texte et traduction d’une partie ou de la totalité de ce texte (Durée : 6 h ; Coefficient : 3)
Barème pour la version [RJ-2024]

Session 2024
Sujet (Jonathan Frazen, The Corrections, 2001)
Rapport
VERSION
Elle appréciait qu’un mariage plus élégant célébré à l’Église presbytérienne de Paradise Valley se conclue au club de Deepmire, où même les allumettes offertes aux invités (Dean & Trish, 13 juin 1987) étaient assorties aux couleurs du thème. Le plus important, c’était que le marié et la mariée soient assortis : qu’ils proviennent du même milieu, qu’ils soient proches en âge et qu’ils aient fait le même genre d’études. Il arrivait parfois qu’à un mariage organisé par des amis un peu moins proches d’Enid la mariée soit plus corpulente ou sensiblement plus âgée que le marié, ou que la famille du marié vienne d’une ville agricole au nord de l’État et se retrouve manifestement subjuguée par l’élégance de Deepmire. Lors de ce genre de réception, Enid avait de la peine pour les principaux intéressés. Elle savait pertinemment que le mariage serait semé d’embûches dès le premier jour. Plus fréquemment toutefois, la seule fausse note que l’on relevait à Deepmire, c’était un toast de mauvais goût que portait quelque garçon d’honneur de second ordre, souvent un copain de fac du marié, souvent moustachu ou au menton fuyant, au teint invariablement rougi par la boisson, dont l’accent ne venait pas du tout du Midwest mais de quelque ville plus à l’est, et qui essayait de faire le malin avec une référence « humoristique » aux rapports sexuels avant le mariage, ce qui avait pour conséquence de faire rougir les mariés, ou de les faire rire les yeux fermés (non pas, pensait Enid, parce qu’ils trouvaient ça drôle, mais parce qu’ils faisaient naturellement preuve de tact et ne voulaient pas que l’importun se rende compte à quel point sa remarque était importune), tandis qu’Alfred inclinait la tête comme s’il faisait la sourde oreille et qu’Enid parcourait la salle du regard, à la recherche d’un ami avec qui elle pourrait échanger une moue réconfortante.
Session 2023
Sujet (Toni Morrison, The Bluest Eye)
Rapport
VERSION
Si ténue soit-elle, cette difformité expliquait à ses yeux bien des choses incompréhensibles qui, sinon, eussent été incompréhensibles : pourquoi, parmi tous les enfants, elle était la seule à ne pas avoir de surnom, pourquoi il n’y avait jamais d’histoires amusantes ou d’anecdotes sur les choses drôles qu’elle avait faites, pourquoi personne ne remarquait jamais ses préférences alimentaires (jamais on ne lui gardait l’aile ou le cou, jamais on ne lui préparait les petits pois dans une casserole à part, sans riz, parce qu’elle n’aimait pas le riz), pourquoi personne ne la taquinait, pourquoi elle ne se sentait jamais chez elle nulle part, jamais à sa place nulle part. Cette vague impression qu’elle avait, d’être isolée et indigne, elle l’attribuait à son pied. Limitée pendant son enfance à ce cocon filé par sa famille, elle cultivait des plaisirs calmes et secrets. Par-dessus tout, elle aimait ordonner les choses. Aligner des objets, les pots sur les étagères quand on faisait les conserves, les noyaux de pêche sur le perron, les bâtons, les cailloux, les feuilles, et les membres de sa famille ne touchaient pas à ces agencements. Si par hasard quelqu’un bousculait ses objets alignés, il s’arrêtait toujours pour les ramasser, et elle n’était jamais en colère, car cela lui donnait l’occasion de les ranger à nouveau. Quelque ensemble de menus objets qu’elle trouvât, elle les organisait en lignes bien droites, selon leur taille, leur forme, ou leur nuance de couleur. De même que jamais elle ne mettait une aiguille de pin à côté d’une feuille de peuplier, jamais elle ne plaçait les bocaux de tomates à côté des haricots verts. Pendant les quatre ans où elle était allée à l’école, elle avait toujours été enchantée par les chiffres et découragée par les mots. Elle était passée à côté des peintures et des crayons sans même s’en rendre compte.
Session 2022
Sujet (Ian McEwan, Atonement)
Rapport
VERSION
Comment était-elle censée garder les idées claires ?
Sa main parcourut la rangée d’un mètre ou deux qui constituait une histoire personnelle, sa brève chronique du goût. Ici, les robes de flapper (comme elles paraissaient maintenant ridicules, sans forme, androgynes !), et bien que l’une d’elles eût des taches de vin, et une autre un trou causé par sa première cigarette, elle ne pouvait se résoudre à s’en débarrasser. Là, une robe avec une première ébauche timide d’épaulettes, puis d’autres qui suivaient dans un style plus affirmé, des sœurs musclées, plus âgées, qui renonçaient aux années de garçon manqué, redécouvraient la taille et les courbes, et faisaient tomber leur ourlet avec un mépris bravache à l’égard des espoirs masculins. Sa pièce la plus récente et la plus belle, achetée pour célébrer la fin de ses examens avant qu’elle sût qu’elle avait obtenu une pitoyable mention passable, était sa robe de soirée cintrée vert foncé, coupée dans le biais, avec un dos nu et un col licou. Trop habillée pour faire sa première sortie à la maison. Elle alla chercher plus loin derrière et exhuma une robe de soie moirée avec un corsage plissé et un ourlet festonné, un choix prudent puisque le rose était suffisamment pâle et fade pour une tenue de soirée. Le miroir à trois pans fut de son avis. Elle changea de chaussures, troqua son collier noir contre les perles, retoucha son maquillage, arrangea ses cheveux, remit un peu de parfum au creux de son décolleté qui était maintenant un peu plus dévoilé, et elle fut de retour dans le couloir en à peine quinze minutes.
Session 2021
Sujet (Wilkie Collins, The Moonstone)
Rapport
VERSION
Lorsque l’on vit dans l’isolement et la pauvreté, il n’est pas rare d’être oublié. Par souci d’économie, je réside actuellement dans un petit bourg en Bretagne, qui accueille également un cercle réduit d’amis anglais estimables et qui possède des atouts précieux : un pasteur protestant et un marché peu cher.
Dans ce lieu de retraite, telle Patmos au milieu de l’océan rugissant des papistes qui nous entourent, j’ai enfin reçu une lettre venue d’Angleterre. Je découvre que mon insignifiante existence s’est rappelée à la mémoire de Mr Francis Blake. Mon riche parent (ah, que ne puis-je ajouter, riche en nourritures spirituelles !) m’écrit une missive sans même prendre la peine de cacher qu’il a besoin de mes services. Il lui est venu la lubie de raviver le déplorable scandale de la Pierre de lune et je suis censée l’aider en rédigeant un compte rendu des événements dont j’ai été moi-même le témoin lorsque je résidais chez ma tante Verinder à Londres. On m’offre une rémunération pécuniaire, avec le manque de sensibilité qui caractérise les gens fortunés. On me somme de rouvrir des blessures que le Temps vient à peine de guérir; on me demande de me remémorer les souvenirs les plus atrocement douloureux, et, cela accompli, je dois m’estimer récompensée par une nouvelle meurtrissure, sous la forme d’un chèque signé par Mr Blake. Je suis de nature faible. Il m’en coûta une lutte acharnée avant que l’humilité chrétienne n’eût conquis le péché d’orgueil, et que l’abnégation n’eût accepté le chèque.
Sans mon journal, je doute (s’il faut l’exprimer en les termes les plus crus !) que j’eusse pu gagner honnêtement mon argent. Avec le secours de mon journal, la pauvre tâcheronne (qui pardonne à Mr Blake son insulte) est digne de recevoir son salaire.
Session 2020
Sujet (Margaret Atwood, The Blind Assassin)
Rapport
VERSION
Il est en uniforme ; ses médailles ressemblent à des trous qu’auraient laissés des balles dans le tissu, à travers lesquels on distingue l’éclat terne de son véritable corps, métallique. A ses côtés, invisibles, se tiennent ses frères : les deux garçons perdus, ceux qu’il a le sentiment d’avoir perdus.
Ma mère est là ; elle a mis sa plus belle tenue, un modèle ceinturé avec un col à revers, et un chapeau orné d’un ruban tout neuf. Elle esquisse un sourire timide. Aucun des deux ne sait vraiment comment réagir. L’appareil photo du journal les surprend avec son flash ; ils ont les yeux écarquillés, comme s’ils avaient été pris la main dans le sac. Mon père porte un bandeau noir sur son œil droit. Son œil gauche lance un regard menaçant. Sous le bandeau se cache encore un entrelacs de cicatrices semblable à une toile dont l’œil manquant serait l’araignée.
« Retour en héros de l’héritier des Chase », claironnera le journal. Car il y a cela aussi : mon père est désormais l’héritier, ce qui revient à dire qu’en plus d’avoir perdu ses frères, il est également orphelin de père. Le royaume est entre ses mains. C’est comme si elles étaient pleines de boue.
Ma mère a-t-elle pleuré ? C’est possible. Ils ont probablement échangé un baiser maladroit, comme dans une loterie de gala pour célibataires où il n’aurait pas acheté le bon ticket. Elle n’était pas comme dans ses souvenirs, cette femme à l’allure efficace, marquée par le poids des soucis, affublée d’un pince-nez qui scintillait au bout d’une chaîne en argent autour de son cou, comme quelque vieille tante célibataire. Ils étaient maintenant des étrangers l’un pour l’autre et, comme ils s’en étaient sans doute rendu compte, ils l’avaient toujours été. Comme la lumière était dure. Comme ils avaient vieilli. Il ne restait rien de ce jeune homme qui jadis s’était agenouillé sur la glace devant elle avec tant de déférence pour lui lacer ses patins, rien de la jeune fille qui avait accepté cet hommage avec grâce.
Session 2019
Sujet (John Irving, A Prayer for Owen Meany, 1989)
Rapport
VERSION
Oliver Cromwell tenait Wheelwright pour un joueur brutal, voire un tricheur, qui avait élevé au rang d’art la technique du croche-pied qu’on décoche à l’adversaire pour ensuite s’écrouler sur lui. Gravesend (en Angleterre) se trouve dans le Kent, soit assez loin du fief de Wheelwright. Peut-être avait-il un ami originaire de cet endroit, peut-être était-ce un ami qui avait voulu partir pour l’Amérique avec lui mais qui n’avait pas pu quitter l’Angleterre, ou bien qui était mort durant la traversée.
D’après l’Histoire de Gravesend, New Hampshire de Wall, le révérend John Wheelwright avait été un bon serviteur de l’Église anglicane jusqu’au jour où il avait commencé à « mettre en doute l’autorité de certains dogmes » ; il épousa la cause des puritains et à partir de ce moment, « les autorités ecclésiastiques le condamnèrent au silence pour cause de non-conformité ». J’ai le sentiment que je dois en grande partie ma propre incertitude religieuse, de même que mon opiniâtreté, à mon ancêtre qui non seulement fut en butte aux critiques de l’Eglise anglicane avant son départ pour le Nouveau Monde, mais qui se mit également à dos ses coreligionnaires puritains quand il arriva à Boston. Le révérend père John Wheelwright fut banni de la Colonie de la Baie du Massachusetts en même temps que la célèbre Mrs. Hutchinson pour « trouble à l’ordre civil » ; en vérité, il n’avait rien fait de plus subversif que d’avancer quelques opinions hétérodoxes concernant la localisation de l’Esprit saint, mais le Massachusetts le jugea sévèrement. On lui retira ses armes, et, accompagné de sa famille et de plusieurs de ses plus vaillants soutiens, il quitta Boston et mit les voiles vers le nord jusqu’à Great Bay ; en chemin, il passa sans doute au large de deux avant-postes plus anciens du New Hampshire : celui connu à l’époque sous le nom de Strawbery Banke, à l’embouchure de la Pascataqua (l’actuelle Portsmouth), et la plantation de Dover.
Session 2018
Sujet
Edith Wharton (1862-1937), The House of Mirth, 1905
VERSION
Chaque tableau évanescent éveillait chez Selden la faculté de l’esprit à bâtir des visions, le plongeant dans une rêverie si profonde que même les commentaires ininterrompus de Gerty Farish, « Oh, comme Lulu Melson est ravissante ! », ou bien « Ce doit être Kate Corby, là-bas, à droite, vêtue de pourpre », ne pouvaient dissiper le charme de l’illusion. En effet, la personnalité des actrices s’était fondue si habilement dans les scènes où elles figuraient que même les observateurs les moins inspirés ressentirent immanquablement un frisson de plaisir devant le contraste qui s’offrit à eux quand le rideau s’ouvrit soudainement pour découvrir un tableau qui était sans fard et sans ambages le portrait de Miss Bart.
Nulle place au doute en ce cas précis : c’était bien la personnalité qui prédominait ; les « Oh » unanimes des spectateurs saluaient non pas le coup de pinceau de Reynolds dans sa toile intitulée « Mrs Lloyd », mais la beauté physique de Lily Bart. Celle-ci avait fait montre de son intelligence artistique en sélectionnant une physionomie si proche de la sienne qu’elle pouvait incarner la personne représentée sans cesser d’être elle-même. On eût dit qu’elle était non pas sortie du tableau de Reynolds, mais qu’elle s’y était glissée, évinçant le spectre de la beauté défunte du peintre grâce au rayonnement de sa grâce bien vivante. La tentation qu’elle avait eue de se mettre en scène dans un décor splendide (elle avait un moment pensé à se montrer sous les traits de la Cléopâtre de Tiepolo) avait laissé place à un instinct plus authentique, celui de s’en remettre à sa seule beauté, et elle avait choisi à dessein un tableau où ne figurait aucun accessoire vestimentaire ou scénique susceptible de distraire l’attention. Le pâle drapé qui l’habillait et le feuillage en arrière plan sur lequel sa silhouette se détachait, avaient pour seul but de souligner les courbes élancées semblables à celles d’une nymphe, qui dessinaient un mouvement gracieux depuis son pied posé en équilibre jusqu’à son bras levé vers le ciel.
Session 2017
Benjamin Disraeli (1804-1981), Sybil, or The Two Nations, 1845
Rapport
VERSION
Sur une étendue de pas moins de dix acres, l’on pouvait encore observer les restes/vestiges de la grande abbaye : leurs extrémités étaient en général des mémoriaux décrépits et recouverts de mousse, qui indiquaient l’endroit où s’étaient élevés jadis les offices et où s’étendaient les jardins terrassés des anciens propriétaires des lieux ; ici l’on pouvait encore deviner la demeure du père abbé, et là, encore plus distinctement car il s’agissait d’un édifice de plus grande envergure, fait de matériaux véritablement conçus pour traverser le temps, le vaste hôpital, dont le nom ne désignait pas alors la demeure/l’antre de la maladie mais un endroit où l’on pratiquait tous les droits à l’hospitalité, où le voyageur, du fier baron/seigneur orgueilleux jusqu’au pèlerin solitaire, venait demander l’asile et le secours/le gîte et l’assistance qu’on ne lui refusait jamais, et dont l’entrée, que l’on désignait par le nom de Portail des Pauvres, accueillait les paysans des terres de l’Abbaye, qui, s’ils étaient dans le besoin, pouvaient solliciter chaque jour, matin et soir, habit et nourriture/de quoi se nourrir et se vêtir/vêtements et pitance.
Pourtant c’est au cœur de ce champ de ruines, qui ne recouvrait pas moins de deux acres, que se dressait encore, dotée d’une force qui avait bravé les siècles et parée d’une beauté qui avait fini par détourner la colère des hommes, dans des proportions et un état général qui, s’ils n’étaient pas parfaits, n’en demeuraient pas moins admirables, l’une des plus nobles réussites de l’art chrétien, l’Abbatiale. La voûte céleste de l’été constituait désormais son seul toit et de ses superbes vitraux, il ne restait que l’immensité de leurs arches symétriques, ainsi que quelques vestiges entrelacés de leurs encadrures fantastiques, mais le reste du bâtiment avait été épargné par le temps. […].
L’ossature de l’église était en maints endroits envahie par les ronces et partout recouverte d’une végétation foisonnante.
Session 2016
Arundhati Roy (1961- ), The God of Small Things, 1997
VERSION
Quelques mois après le début de leur relation, il commença à la faire entrer en douce dans ses quartiers où il vivait tel un misérable prince en exil. Malgré les efforts redoublés du personnel de sa résidence et ceux de sa femme de ménage, son logement était d’une saleté repoussante. Des livres, des bouteilles de vin vides, des sous-vêtements sales et des mégots de cigarette jonchaient le sol. Ouvrir les placards était dangereux car des vêtements et des livres menaçaient de tomber en cascade et certains de ses livres étaient suffisamment lourds pour infliger une blessure sérieuse à quelqu’un. La petite vie bien ordonnée de Margaret Kochamma s’abandonnait toute entière à ce chaos des plus baroques, avec le sursaut silencieux qui saisit un corps chaud qui entre dans une mer froide.
Elle découvrit que sous ses airs de Porc-Épic Tout Froissé, un marxiste torturé était aux prises avec un improbable et incorrigible romantique – qui oubliait les bougies, cassait les verres à vin, égarait la bague. Qui lui faisait l’amour avec une ardeur à lui couper le souffle. Elle avait toujours pensé qu’elle n’était qu’une fille plutôt insignifiante, une fille à la taille épaisse, aux chevilles épaisses. Pas moche, mais quelconque. Quand elle était avec Chacko en revanche, les anciennes limites étaient repoussées. Les horizons s’ouvraient à elle. Jamais auparavant elle n’avait rencontré d’homme qui parlait du monde – de son état actuel, de son origine, et de ce qu’il imaginait être son avenir – dans les termes dans lesquels les autres hommes qu’elle connaissait discutaient de leur travail, de leurs amis, ou de leurs fins de semaine à la mer.
Être avec Chacko, c’était pour Margaret Kochamma avoir le sentiment que son âme s’était échappée des étroites frontières de son île natale, pour s’aventurer dans les terres extravagantes et infinies de son pays. Avec lui, elle avait le sentiment que le monde leur appartenait – comme s’il était déployé devant leurs yeux, telle une grenouille entaillée sur la table de dissection qui n’attendrait plus que d’être examinée.
Session 2015
Julian Barnes (1946- ), Staring at the Sun, 1986
VERSION
Jean visita le Grand Canyon en novembre. La rive nord était fermée et les chasse-neige avaient enchaîné les sorties pour dégager la route qui montait de Williams à la rive sud. Elle prit une chambre dans l’établissement situé en bordure du Canyon ; il était tôt dans la soirée. Elle prit son temps pour défaire ses valises et se rendit même au magasin de souvenirs de l’hôtel avant d’aller voir le Canyon lui- même. Ce n’était pas pour retarder le plaisir, bien au contraire, car Jean s’attendait à être déçue. Au dernier moment, elle avait même envisagé de revoir sa liste des Sept Merveilles et de visiter, à la place, le pont du Golden Gate.
Trente centimètres de neige recouvraient le sol et le soleil, à présent presque à la hauteur de l’horizon, avait, d’un mouvement de poignet ferme, jeté une traînée orange sur les montagnes en face. Le royaume du soleil commençait exactement à la limite des neiges : au-dessus, les crêtes orange des montagnes étaient parées d’une neige orange et surmontées d’indolents nuages orange ; mais quand le regard se portait sous cette ligne, tout se métamorphosait pour prendre des tons brun aride, taupe et fauves, tandis qu’en bas, au loin, des verts sombres enserraient un mince filet d’argent, tel un fil de lurex tissé dans un terne costume de tweed. Jean s’agrippa au garde-fou couvert de givre et fut heureuse d’être seule, heureuse de ne pas avoir à traduire en mots ce qu’elle avait sous les yeux, à en rendre compte, à en débattre, à en livrer un commentaire. Cette extraordinaire vue panoramique était plus grande, plus profonde, plus large, plus grandiose, plus sauvage, plus belle et plus effrayante que ce qu’elle eût cru possible; mais même cet enchaînement d’adjectifs exaltés la laissait insatisfaite. Rachel, la très pugnace petite amie de Gregory, lui avait dit avant son départ, “Vous verrez, c’est comme un orgasme qui ne s’arrête jamais”. C’est évident, elle avait voulu choquer, et ces mots qui lui revenaient en mémoire étaient en effet choquants ; mais seulement parce qu’ils étaient totalement inadaptés.
Session 2014
W.E.B. Du Bois (1868-1963), « Of the Passing of the First-Born », The Souls of Black Folk, 1903
VERSION
Je montai l’escalier en courant pour rejoindre la mère exsangue et l’enfant qui vagissait, pour rejoindre le sanctuaire sur l’autel duquel, à ma demande, une vie s’était offerte pour gagner une vie, et l’avait gagnée. Qu’est-ce que cette minuscule chose informe, ce cri de nouveau-né venu d’un monde inconnu, cet être qui n’est qu’une tête et une voix ? Je le prends dans mes bras, plein de curiosité, et l’observe, perplexe, cligner des yeux, respirer et éternuer. À ce moment- là, je ne l’aimais pas ; cela semblait être une drôle de chose à aimer ; mais elle, je l’aimais, ma toute jeune femme devenue mère, elle que je voyais à présent s’épanouir comme la splendeur du matin : la femme transfigurée. À travers elle, j’en vins à aimer ce tout petit être, à mesure qu’il grandissait et prenait des forces, à mesure que sa petite âme s’épanouissait au rythme des gazouillis, des pleurs et des balbutiements, et à mesure que dans ses yeux se faisaient jour la lumière et l’éclat de la vie.
Qu’il était beau, avec sa peau couleur olive et ses boucles aux sombres reflets dorés, ses yeux où se mêlaient le brun et le bleu, ses petits membres parfaits et la rondeur douce et voluptueuse que le sang de l’Afrique avait imprimée à ses traits ! Je le serrai dans mes bras, après notre retour précipité loin de là, chez nous dans le Sud, je le serrai tandis que je jetais un regard furtif à la terre rouge et brûlante de Géorgie et à la ville étouffante aux cents collines, et je fus envahi par une vague inquiétude. Pourquoi ses cheveux étaient-ils teintés d’or ? Les cheveux dorés avaient toujours été un mauvais présage dans ma vie. Pourquoi le marron de ses yeux n’avait-il pas vaincu et tué le bleu ? Car marron était la couleur des yeux de son père, et de ceux du père de son père. Et ainsi, au Pays de la Ligne de Partage des Couleurs, je vis l’ombre du Voile s’étendre sur mon bébé.
C’est à l’intérieur du Voile qu’il est né, dis-je ; et c’est à l’intérieur du Voile qu’il vivra : Nègre, et fils de Nègre.
Session 2013
John Steinbeck (1902-1968), The Grapes of Wrath, 1939
VERSION
L’homme assis sur le siège de fer ne ressemblait pas à un homme : gants, lunettes de protection, masque en caoutchouc sur le nez et la bouche qui le protégeait de la poussière, il faisait partie du monstre, il était un robot sur le siège. Le grondement des cylindres tonnait à travers la campagne, ne faisait plus qu’un avec l’air et la terre, si bien que terre et air murmuraient, mus par les mêmes vibrations. Le conducteur ne pouvait pas maîtriser l’engin : celui-ci filait droit à travers champs, coupait à travers une dizaine de fermes puis repartait dans l’autre sens, toujours tout droit. Une simple pression sur les leviers pouvait faire dévier la chenille, mais les mains du conducteur ne pouvaient pas exercer cette pression, car le monstre qui avait construit le tracteur, le monstre qui avait lâché le tracteur dans la nature, avait trouvé le moyen de s’emparer des mains du conducteur, de son cerveau et de ses muscles, l’avait aveuglé et muselé, avait aveuglé son esprit, muselé sa parole, aveuglé toute perception, muselé toute révolte. Il ne voyait pas la terre telle qu’elle était, il ne sentait pas le parfum de la terre tel qu’il en émanait. Ses pieds ne foulaient pas les mottes, ne percevaient ni la chaleur ni la puissance de la terre. Il était assis sur un siège de fer et actionnait des pédales de fer. Il ne pouvait ni acclamer, ni fustiger, ni maudire, ni encourager le prolongement de sa puissance et, de ce fait, il ne pouvait ni s’acclamer, ni se flageller, ni se maudire, ni s’encourager. Il ne connaissait, ni ne possédait, ni n’implorait la terre, ni n’avait foi en elle. Si une graine semée ne germait pas, ce n’était rien. Si la jeune pousse se flétrissait sous l’effet de la sécheresse ou se retrouvait noyée sous une pluie diluvienne, cela n’importait pas plus au conducteur qu’au tracteur. Il n’aimait pas plus la terre que la banque n’aimait la terre. Il pouvait admirer le tracteur : ses surfaces usinées, sa montée en puissance, le vrombissement de ses cylindres pétaradants, mais ce n’était pas son tracteur.
Session 2012
Virginia Woolf (1882-1941), « The Value of Laughter », The Guardian, 1905
VERSION
Mais il est certaines choses qui sont au-delà des mots et non en deçà, et le rire en fait partie. Car le rire est le seul son, pour inarticulé qu’il soit, qu’aucun animal ne peut produire. Si le chien couché sur le tapis devant la cheminée pousse un gémissement de douleur ou un aboiement de joie, nous comprenons ce qu’il veut dire et il n’y a là rien d’étrange ; mais supposez qu’il se mette à rire ? Supposez qu’en vous voyant entrer dans la pièce il n’exprime pas la joie légitime qu’il a de vous voir en remuant la queue ou en aboyant, mais qu’il éclate de rire, qu’il sourie de toutes ses dents, se tienne les côtes et manifeste tous les signes habituels du plus parfait amusement. Vous seriez alors saisi d’un frisson d’horreur, comme si une voix humaine sortait de la gueule d’une bête. Nous ne pouvons pas davantage imaginer que des êtres qui nous sont supérieurs puissent rire ; le rire semble être par essence le propre de l’homme et de la femme. Le rire est l’expression de l’esprit comique qui est en nous, et cet esprit comique se préoccupe des bizarreries, des excentricités et de tout ce qui s’écarte de la norme établie. Il fait entendre son petit commentaire par un rire soudain et spontané qui survient sans que l’on sache vraiment ni pourquoi ni quand. Si nous prenions le temps de réfléchir, d’analyser l’impression que traduit l’esprit comique, nous nous apercevrions sans doute que ce qui est superficiellement comique est fondamentalement tragique, et tout en ayant le sourire aux lèvres nous aurions les larmes aux yeux. C’est là — les mots sont de Bunyan — une définition communément admise de l’humour. Mais le rire de la comédie ne connaît pas le fardeau des larmes. Pour autant, bien que son rôle soit relativement mineur comparé à celui de l’humour véritable, on ne saurait surestimer la valeur du rire dans la vie comme dans l’art.
Session 2011
Oscar Wilde (1854-1900), lettre à Lord Alfred Douglas
VERSION
Nombreux sont ceux qui, à leur libération, emportent avec eux leur prison à l’air libre et la cachent dans leur cœur comme un déshonneur secret. À la longue, comme de pauvres créatures empoisonnées, ils rampent vers quelque trou pour y mourir. Il est malheureux qu’ils se voient obligés d’agir ainsi, et il est injuste, terriblement injuste que la société les y contraigne. La société s’arroge le droit d’infliger un effroyable châtiment à l’individu, mais elle a aussi ce vice suprême qu’est la superficialité et s’avère incapable de prendre la pleine mesure de ce qu’elle a fait. À la fin de sa peine, elle abandonne l’homme à lui-même ; c’est-à-dire qu’elle l’abandonne à l’instant précis où elle doit s’acquitter envers lui de son devoir le plus noble. En vérité, elle a honte de ses propres actes et fuit ceux qu’elle a châtiés, comme on fuit un créancier que l’on ne peut rembourser ou auquel on a causé un tort irréparable ou impardonnable. J’affirme pour ma part que si j’ai conscience de ce que j’ai enduré, la société devrait prendre conscience de ce qu’elle m’a infligé et qu’il ne devrait y avoir ni haine ni amertume d’un côté ou de l’autre.
Je sais bien qu’en un sens il en ira toujours autrement pour moi que pour les autres, et il ne pourra en effet en être autrement, étant donné la nature même de ma situation. Les pauvres voleurs et parias emprisonnés ici avec moi sont à bien des égards plus chanceux que moi. Modeste est le lieu discret, dans la ville grise ou la verte prairie, qui fut témoin de leur faute ; pour trouver ceux qui ignorent tout de ce qu’ils ont fait, ils n’ont pas plus de chemin à faire qu’un oiseau en parcourrait entre le crépuscule de l’aube et l’aube elle-même. Pour moi, en revanche, le monde s’est réduit à la taille d’une main, et partout où je porte le regard, mon nom est gravé dans la roche en lettres de plomb.
Session 2010
Jim Harrison (1937–), Dalva, 1989
VERSION
Les trois guerriers s’éloignèrent là où on ne pouvait pas les entendre pour discuter de la situation. Je mis de l’eau à bouillir pour faire du thé et je montrai ensuite à l’homme médecine des pommes, des poires et des pêches séchées, tout en en mettant une poignée de chaque à cuire avec de l’eau dans un autre récipient. Je sortis une livre de bon tabac en guise de cadeau et je levai les yeux pour lire l’expression sur le visage de Gros Ventre qui s’approchait. « Vous êtes un homme déroutant et nous ne savons pas quoi faire de vous. Pourquoi n’avez-vous rien réclamé à propos de votre cheval volé ? » Je fis une prière silencieuse car je savais que je me trouvais en équilibre entre la vie et la mort, comme si je marchais sur une poutre étroite suspendue tout en haut d’une grange. Je répondis que je souhaitais offrir mon autre cheval au garçon qui nous avait permis de nous rencontrer en cette belle journée. À ces mots, le garçon bondit de joie. Gros Ventre consulta alors l’homme médecine à l’écart et quand ils revinrent près du feu sur lequel je remuai le thé et les fruits, Gros Ventre déclara : « vous êtes trop étrange pour qu’on vous tue. L’ancien dit que vous tuer attirerait le mauvais sort sur nous ». Comme ils s’esclaffaient tous, je décidai de me joindre à eux, mais timidement. Contrairement à l’opinion courante, à ce qu’on m’a dit, les Indiens sont très spirituels, blagueurs et rieurs. Nous nous assîmes pour prendre le thé et manger les fruits cuits qu’ils trouvèrent délicieux. Ils envoyèrent le garçon chercher quelque chose en amont dans le lit de la rivière asséchée et il revint rapidement avec le cœur sanglant d’un bison qui fut coupé en morceaux et rôti sur le feu. Ce cœur était vraiment délicieux.
Session 2009
James Baldwin (1924-1987), Go Tell It on the Mountain, 1954
VERSION
C’était la clameur des damnés qui emplissait Broadway, où les automobiles, les autobus et le flot des gens pressés disputaient à la mort le moindre pouce de terrain. « Broadway », le chemin large : il était large en effet, le chemin qui menait à la mort, et nombreux étaient ceux qui l’empruntaient, mais le chemin menant à la vie éternelle, celui-là était étroit et rares étaient ceux qui le trouvaient. Mais il ne désirait pas ce chemin étroit que suivai(en)t tous les siens / tout son peuple ; les maisons ne s’élevaient pas pour transpercer, eût-on dit, / comme pour transpercer les nuages immuables mais elles se tenaient pelotonnées / elles s’entassaient plates, abjectes, au ras du sol crasseux, où les rues, les couloirs et les chambres étaient sombres, et où persistait une odeur tenace / flottait un perpétuel relent de poussière, de sueur, d’urine et de gnôle de fabrication artisanale / frelatée. Sur le chemin étroit, celui de la croix, ne l’attendait qu’éternelle humiliation, tout comme l’attendaient un jour une maison comme celle de son père, une église comme celle de son père et un métier comme celui de son père ; là, avec le temps, la faim et le labeur le rendraient vieux et noir. Le chemin de la croix n’avait rempli sa panse que de vent et avait courbé le dos de sa mère ; ils n’avaient jamais porté de beaux vêtements, mais ici, où les édifices défiaient la puissance de Dieu, où les hommes et les femmes ne vivaient pas dans la crainte de Dieu, ici il pourrait manger et boire tout son soûl, parer son corps d’étoffes somptueuses, magnifiques d’aspect et délicates au toucher. Mais qu’adviendrait-il alors de son âme, qui un jour, allait mourir et se présenter nue, le jour du jugement, devant le tribunal de Dieu ? À quoi lui servirait d’avoir conquis la ville, ce jour-là ? Pour un seul instant de confort, jeter bas les gloires de l’éternité !
Épreuve à option (Paris) :
Version et thème
Version de langue vivante étrangère et thème (Durée : 6h ; Coefficient : 3)
Session 2024
Sujet (Henry Roth, Call It Sleep —
Patrick Modiano, Dimanches d’août)
Rapport
VERSION
Du plus loin/D’aussi loin qu’il s’en souvînt/qu’il s’en souvienne/qu’il s’en souvenait,
c’était la première fois qu’il allait/se rendait seul quelque part avec/en compagnie de son
père/qu’il accompagnait son père seul quelque part, et déjà il se sentait désespéré/abattu,
travaillé par/habité/débordant/rempli de sinistres/tristes/lugubres pressentiments, mourant
d’envie de retrouver sa mère/sa mère lui manquant cruellement/terriblement. Son père était
tellement/si silencieux et distant qu’il se sentait (comme) seul même en sa compagnie/à son
côté. Et si son père l’abandonnait, le laissait seul dans quelque/une rue désolée/isolée/à l’écart. À cette pensée, il frissonna d’horreur/des frissons d’horreur le parcoururent. Non !
Non ! C’était impossible/Il ne pouvait pas faire ça !
Ils arrivèrent enfin à la hauteur des lignes de/du/des voies du tramway/tram. À la vue
d’autres gens, il reprit courage/il se sentit réconforté, sa peur momentanément dissipée/La
vue d’autres gens lui remonta le moral/le réconforta/lui redonna le sourire/courage,
dissipant/chassant provisoirement sa peur. Ils grimpèrent/montèrent à bord/dans un
wagon/une rame et/, restèrent à bord ce qui lui apparut comme un long moment/pendant un
temps qui lui parut long/parcoururent ce qui lui parut être un long chemin/firent ce qui lui
sembla un long trajet, avant de descendre dans une rue noire de monde/très animée, située
sous/au-dessus de laquelle passait un/sous une ligne de métro aérien.
Attrapant/agrippant/empoignant nerveusement le bras de David, son père lui fit traverser la
rue. Ils s’arrêtèrent devant le guichet en fer/rideau de fer tiré d’un théâtre/d’une salle de
cinéma fermé/e. Des panneaux d’affichage colorés de part et d’autre, une odeur de parfum
éventé/rance/vieux parfum derrière eux. Des gens qui se hâtaient/se dépêchaient/pressés,
des métros/rames qui grondaient/le grondement des métros/rames/du métro. David balaya
les environs d’un regard apeuré/effrayé/rempli d’effroi/regardait/regarda ce qui
l’entourait/observait/observa les environs avec effroi. À la droite du théâtre/cinéma, dans la
vitrine d’un glacier, du popcorn de couleur criarde dansait et voletait/volait/virevoltait,
soulevé par/porté par/pris dans le/grâce au souffle d’un ventilateur. Il leva un regard rempli
d’appréhension vers son père. Celui-ci était pâle, sombre/maussade/Le visage de ce dernier
était/Ce dernier avait l’air pâle, maussade. Les fines veines saillantes de son nez ressemblaient
à une toile d’araignée rose.
« Tu vois cette porte ? » Il le secoua pour attirer son attention. « Dans la maison grise.
Tu vois ? Ce type/cet homme-là vient d’en sortir.
– Oui, papa.
– Alors/Bien/Bon, tu vas entrer là, monter l’escalier/les marches et tu vas voir une
autre porte. Tu entres sans frapper/toquer. Et à la première personne/au premier type que tu
vois à l’intérieur/dès que tu verras quelqu’un, tu dis (ça) : Je suis le fils d’Albert Schearl. Il veut
que vous me donniez les vêtements/habits qui sont dans son casier et l’argent qui lui
revient/qui lui est dû. Tu comprends/Tu as compris/T’as compris ? Quand ils te les auront
donnés/Quand tu auras récupéré (tout) ça, tu redescends avec/tu me les rapportes/rapportes ça ici. Je t’attends/Je t’attendrai/Je serai là à t’attendre. Alors/Bien, qu’est-ce que tu vas/dois
dire ? » demanda-t-il d’un ton sec/sèchement.
David se mit à répéter les instructions/consignes en yiddish.
« En anglais, imbécile ! »
Il les restitua en anglais. Et, une fois que son père avait pu constater qu’il les
connaissait, il l’envoya à l’intérieur/il lui dit d’y aller.
« Et ne leur dis pas que je suis là, dehors », l’avisa-t-il/précisa-t-il alors que David
s’éloignait. « Souviens-toi/N’oublie pas que tu es venu (tout) seul !/Rappelle-toi : tu es venu
seul ! »
THÈME
It was an Italian restaurant, with (a) garnet-coloured/dark red roughcast front
walls/front/façade/facade, on the Rue des Ponchettes, at the foot of the hill where the
Castle/Château was standing. Sylvia and I had arrived/got there first. We were seated at/led to a table for four that/which/Ø Mr Neal had reserved/booked. There were no other
customers. There were crystal glasses/glassware, white glazed tablecloths, pictures/paintings
in the style of Guardi on the walls, wrought-iron window grills, a massive/huge/monumental
fireplace with a sculpted fleur-de-lis shield/a sculpted shield with fleur-de-lis pattern at the
back/in the bottom. The refrains/choruses of hit songs played/performed by a symphony/full
orchestra floated from/came out of invisible (loud)speakers.
I think/believe Sylvia felt as apprehensive/anxious/nervous/fearful as I did. We knew
nothing/didn’t know anything about the/these people who had invited us for/were treating
us to lunch. Why had Neal been/sounded so eager/anxious to see us again? Was this
attributable to/to be accounted for by the warm/hearty/friendly
familiarity/informality/friendliness of some Americans who, on first meeting you/from the
very first encounter, will call you by your first/Christian name/forename and (will) show you
(the) pictures/shots/photographs of their children?
They arrived/got there and apologized/, apologizing for being late./They apologized
for being late as they arrived. Neal was different from what he had been the other night. He
no longer gave/gave off an impression of being hesitant/irresolute/that distinct impression of
uncertainty/indecision. He was close-shaven, wearing/and was wearing/wore a very
large/loose/loose-fit tweed jacket. He spoke/was speaking in a most unhesitating way/most
unhesitatingly/without the slightest hesitation and without any/the lightest/faintest Anglo-
Saxon accent, and, if my memory does not fail me/serves me right/I remember
well/correctly/as far as I can remember, his loquaciousness/garrulity/loquacity/volubility was
what first made me suspicious/aroused my suspicions. On the part of/Coming from an
American, this garrulity sounded queer/odd/strange to me. In some slang words he used, in
his wording/the way he turned his sentences/expressed himself, I could make
out/discern/notice/identify a combination/mixture/mix of Parisian tone(s)/intonation(s)/lilt
and Southern/Mediterranean accent – though a bridled, quelled/tamed accent, as though
Neal had been attempting/striving/struggling/endeavouring to conceal/hide it for a long time.
His wife was far less loquacious/voluble/talkative than he was and she had that dreamy and
slightly vacant/absent-minded look on her face which had surprised me on our previous
meeting/the last time we had met. Her own tone(s)/intonation(s) did not sound English
either/like an Englishwoman’s either. I couldn’t help say/remark:
“You’re fluent in French. You even sound French…”
“I was educated in French language schools,” he said. “I spent all my youth in Monaco…
So did/Just like my wife… That’s where we met…”
She nodded in agreement.
Session 2023
Sujet (Jonathan Coe, What a Carve Up! —
Philippe Besson, Son frère)
Rapport
VERSION
Ma petite cuisine avait toujours été la pièce la plus propre de l’appartement. Je ne faisais jamais les/la poussière(s) et ne passais jamais l’aspirateur parce que la poussière n’est pas très visible au premier regard/pour celui qui jette un coup d’œil distrait/superficiel et qu’on peut l’ignorer/y rester aveugle, mais je ne supportais pas la vue de taches/traces et d’éclaboussures/de mouchetures de nourriture séchée collée à mon plan de travail/mes surfaces éclatantes de blancheur/d’une blancheur éclatante. Aussi, quand, me retirant dans la cuisine, j’allumai les deux spots de 100/cent watts qui envoyaient leurs rayons de vaillamment/courageusement/bravement explorer les moindres angles et recoins reluisant de propreté, ma confiance en fut restaurée/cela me redonna confiance. Le jour s’assombrissait/la nuit tombait lentement et la première chose que je vis depuis l’évier fut le reflet de mon visage, qui flottait comme un spectre devant la fenêtre du/de mon cinquième étage. C’était le visage auquel Fiona s’était adressé au cours des quelques minutes qui venaient de s’écouler/vers lequel Fiona se tournait depuis quelques minutes. Je le regardai avec attention et tentai d’imaginer ce qu’elle y avait vu/l’impression qu’elle en avait retirée. J’avais les yeux gonflés par le manque de sommeil et injectés de sang à force de fixer l’écran de télévision d’un regard vitreux/poser un regard vitreux sur l’écran de télévision ; des rides particulièrement marquées/creusées commençaient à apparaître aux commissures de mes lèvres, même si une barbe de deux/trois jours les masquait en partie/celles-ci étaient en partie masquées par une barbe de deux/trois jours ; j’avais un menton encore assez/raisonnablement ferme, mais il ne faudrait sans doute pas plus de trois ou quatre ans pour que se dessine/s’esquisse un double menton ; mes cheveux, autrefois couleur fauve/châtain clair, étaient désormais striés de gris et réclamaient désespérément une nouvelle coupe ; on entrevoyait vaguement une raie/une raie était vaguement visible/un soupçon de raie était visible, si léger/timide et bâclé/dessiné à la va-vite/tracé à la va-vite qu’on aurait aisément pu pardonner au spectateur/à un observateur/qu’un observateur aurait été tout excusé de ne pas s’apercevoir de sa présence. Ce n’était pas un visage aimable/amical/avenant : les yeux, d’un bleu profond et velouté, qui avaient pu jadis/autrefois laisser entrevoir une mine/infinité de possibilités, paraissaient désormais méfiants/soupçonneux, fermés/hostiles/impénétrables. Mais, dans le même temps, il était honnête. C’était un visage auquel on pouvait accorder sa confiance/qui inspirait confiance/digne de confiance. Et, si l’on ne s’attachait pas à regarder uniquement le visage, que voyait-on ? Je scrutai le crépuscule/la pénombre. Pas grand-chose. On avait allumé quelques lampes éparses de l’autre côté de la cour et le do
THÈME
Thomas was ten/10/ten years old. It was a fine/nice/pleasant/beautiful day in August, like today. The sun was yellow and the sky was blue/There was a yellow sun and a blue sky. As a matter of fact/Actually, today could be an anniversary. He had left alone in the afternoon. He had said/intimated/mentioned he was headed for/heading for/going towards the wild coast/shore. We had not paid attention to what he was saying/had listened to him distractedly. We did not even hear him leave/leaving the house/when he left, I think. Yet, the front gate was already squeaking/creaking/making a grating sound by then. How many times had my mother said/repeated it had to be oiled/greased/it needed oiling ? On that day, my parents were giving two couples of friends the red-carpet treatment for lunch/hosting a fancy/sumptuous lunch for two couples/pairs of friends who had called on them/had come for a visit/were paying them a visit. Lunch was long drawn-out/endless/It was taking ages/Lunch was dragging on. We had sat down to eat/sat to lunch/at the table very late and it was past four and dessert had not yet been served/we had not yet had dessert. And I wanted dessert. When Thomas suggested/had suggested that I and he get down (from the table) to go to the beach, I had said no/declined/turned him down. I wanted dessert. I had not waited that/so long/until then only to be deprived of/to give up on the only pleasure that mattered to me then : the chocolate charlotte/shortcake/chocolate shortcakes/charlottes. So Thomas had asked if he could get down/be excused. He didn’t care about/for/he had no interest in (the) charlotte(s)/Charlottes were no big deal to him. My mother had agreed/said yes/nodded in agreement with a disarming, almost alarming alacrity/readiness. For she couldn’t help holding back her children, preventing them from going anywhere without her, keeping a close watch/a close/watchful eye on them at every opportunity/from dawn to dusk/at all times. And then/Besides/Moreover, she was one of those mothers who think/believe (that) the children sitting/who sit at the table until/to the very end of a meal show/demonstrate how well-behaved/well-mannered/well-bred they are. We should have been worried/alarmed/concerned. I should have seized the opportunity/the blessing/It was a blessing I should have seized. I didn’t. There was the charlotte/I had my eyes on the charlotte/I was waiting for the charlotte/There was the charlotte in store for me. I suppose/guess she didn’t even hear Thomas when he told her (in a very low voice, admittedly/true/to be fair) he was putting/slipping on his swimsuit/bathing trunks and taking his bath towel. She would never have let him go for a swim/go swimming/take a bath/swim right after lunch/while he had just/barely got down from the table. You/One had to wait for three hours for the sake of digestion/for food to be digested/until digestion was over. There was no exception to the sacred/hard/iron rule of the three hours/the three-hour gap.
Session 2022
Sujet (Oscar Wilde, The Picture of Dorian Gray —
Valery Larbaud, Fermina Márquez)
Rapport
VERSION
Quand son domestique entra, il le regarda fixement et se demanda / se demandant s’il avait eu l’idée de regarder derrière le paravent / de tenter de voir ce qui se trouvait derrière le paravent. L’homme demeurait impassible et attendait ses ordres / Absolument impassible, le domestique attendait ses ordres. Dorian alluma une cigarette, se dirigea vers le miroir / la glace et y jeta un œil. Il voyait distinctement le reflet du visage de Victor / Le visage de Victor s’y reflétait à la perfection. On eût dit le masque placide de la soumission servile. Il n’y avait là rien à craindre / Rien à craindre de ce côté-là. Cependant, il jugea préférable de rester / qu’il valait mieux rester sur ses gardes / Il valait mieux rester sur ses gardes, cependant.
Parlant très lentement / posément, il le pria de dire à / il lui dit de prévenir la gouvernante qu’il voulait / désirait la voir, puis de se rendre / d’aller chez l’encadreur pour lui demander d’envoyer sur-le-champ deux de ses ouvriers / hommes. Il lui sembla que le domestique, tandis qu’il quittait la pièce, / qu’en quittant la pièce, le domestique laissa errer ses yeux / son regard en direction / du côté du paravent. Ou peut-être se faisait-il des idées ? / Mais peut-être n’était- ce là que le fruit de son imagination ?
Quelques instants plus tard, Mme Leaf entra prestement / brusquement dans la bibliothèque. Elle était vêtue de sa robe de soie noire et des mitaines de fil à l’ancienne couvraient ses mains ridées. Il lui demanda la clé de la salle d’étude.
« La vieille salle d’étude, monsieur Dorian ? s’exclama-t-elle. Mais / Mais voyons, elle est pleine de poussière. Il faut que je la fasse ranger et remettre en ordre avant que vous n’y entriez. Vous ne pouvez pas la voir dans cet état, Monsieur. Vraiment pas.
— Je ne veux pas qu’on la remette en ordre, Leaf / Je ne vous demande pas de la faire remettre en ordre, Leaf. Je veux seulement la clé. / Je demande simplement la clé.
— Mais… Monsieur, vous serez couvert de toiles d’araignées si vous y entrez. Songez / Pensez donc, elle n’a pas été ouverte depuis près de cinq ans, pas depuis la mort de Monseigneur.
Il tressaillit en entendant mentionner son grand-père, dont il avait gardé un souvenir exécrable. / Il en avait gardé un souvenir détestable. «Cela n’a pas d’importance, répondit-il/ Qu’importe ! répondit-il. Je veux simplement voir la pièce, c’est tout / rien de plus. Donnez- moi la clé.
— Dans ce cas / Eh bien, voici la clé, monsieur, dit la vieille dame, tandis que ses mains tremblantes et maladroites passaient en revue le contenu de son trousseau. La voici. Un instant, je vais la détacher du trousseau. Mais vous ne songez pas à vivre là-haut, monsieur ? Vous êtes si confortablement installé ici. / Mais vous ne songez pas à vivre là-haut, monsieur, alors que vous êtes si bien installé ici ?
— Non, non, répondit-il d’un ton agacé / s’écria-t-il avec impatience. Merci, Leaf. Ce sera tout. Elle s’attarda quelques instants, bavardant sans fin sur quelque détail domestique. Il soupira et lui dit de régler le problème de la manière qui lui semblait la plus appropriée/ lui dit de faire ce qu’elle jugeait le mieux / préférable. Elle quitta la pièce / Elle se retira, toute souriante.
THÈME
First of all, it was absolutely necessary to gain the confidence / trust of Mama Doloré / Mama Doloré’s trust. And for this / to do this, he had to become the friend and protector of her nephew / her nephew’s friend and protector.
And it just so happened that little Márquez, a spoilt child, behaved very awkwardly around / in his dealings with his fellow pupils. He regarded /considered /viewed Saint-Augustin as a hotel (much less luxurious, it is true, than the English and French hotels in which he had lived / he had lived in since leaving Bogotá / since he had left Bogotá / since his departure from Bogotá), but still, as a hotel, where one gets served if one pays / you will be waited on provided you pay / where one will be waited on provided one pays. And / Besides, Mama Doloré gave him too much pocket money / allowance. Instead of / Rather than responding to the teasers / taunters with his fists/ punches/ blows, he gave/ handed// would give/ would hand them sweets / candy, hoping that / in the hope that he would then be left alone / they would then leave him alone. Unfortunately, / Sadly, the result / outcome of this maneuver / move was not what he had expected/ hoped for. The teasers / taunters came back with a vengeance. So he called them beggars / bums and tramps, and boasted of / bragged of / bragged about his father’s wealth / fortune / riches: “We came all the way to Southampton on a ship of our own,” he would shout / cry proudly / pridefully. One day, he was eventually dragged / hauled under the pump in the courtyard / schoolyard and was showered. Mama Doloré complained to the head / dean / supervisor of studies. The boys who had showered Márquez were temporarily excluded from school. He was spared no humiliation. He spent the better part of / most of his nights muffling / stifling / smothering his sobs, with his head / his head buried under his bolster. He had already lost a lot of / much weight. Léniot, in / within / in just a few days, could put all this in order / right. He would / And he would do so. That was the real / right / best way to / Now, that was how to best get into / creep into / worm his way into / infiltrate this family. And then, one would see… There were still two months and a half to go before the summer holidays. Joanny got up, feeling very joyful / cheerful… He felt a sort / kind of cheerful impatience / eagerness / expectancy that he had only experienced once before: it was on the day before / eve of his departure for Italy, during the last Easter holidays. He could not stand still / He was restless; he would have liked to be able to sing / he wished he could sing. Without asking Mr. Lebrun’s permission, he went to the bookcase in the study / classroom and picked up Schrader’s big atlas; he then looked in it for the map of Colombia.
Session 2021
Sujet (George Eliot, The Mill on the Floss —
Jacques Gélat, Le Traducteur amoureux)
Rapport
VERSION
Ce fut une grande déception pour Maggie de ne pas être autorisée à accompagner son père lorsqu’il alla / partit chercher Tom à l’école / au pensionnat en cabriolet / carriole / calèche ; mais la matinée était trop humide, dit / déclara Mme Tulliver, / selon Mme Tulliver, pour qu’une petite fille sortît avec son plus joli bonnet / pour autoriser une petite fille à sortir avec son plus joli bonnet. Maggie s’entêta à penser le contraire / prit le parti opposé avec beaucoup de conviction et la conséquence directe de cette divergence d’opinions fut que, alors que sa mère était en train de brosser sa tignasse noire et rebelle, Maggie lui fila soudain entre les mains / se mit à courir pour échapper aux mains de sa mère et plongea la tête dans une bassine d’eau qui se trouvait à proximité, bien déterminée à se venger et à faire en sorte qu’il n’y ait plus le moindre espoir d’obtenir des boucles ce jour-là / en empêchant qu’on lui fît la moindre boucle ce jour-là.
« Maggie ! Maggie ! », s’écria / s’exclama Mme Tulliver, qui restait assise, immobile et désemparée, les brosses posées sur les genoux. « Qu’est-ce qu’on va faire de toi / Qu’est-ce que tu vas devenir si tu es si vilaine / méchante ? Je vais le dire à ta tante Glegg et à ta tante Pullet quand elles viendront la semaine prochaine, et elles ne t’aimeront plus jamais. Mon Dieu, mon dieu ! / Oh mon dieu, oh mon dieu ! Regarde ta chasuble toute propre, trempée de haut en bas. Les gens vont croire qu’c’est ma faute si j’ai eu une enfant pareille / qu’c’est une punition pour moi d’avoir eu une telle enfant, ils / y vont penser qu’j’ai fait quequ’chose de mal. »
Ce sermon n’était pas encore terminé que Maggie était déjà trop loin pour l’entendre / Ces remontrances n’étaient pas terminées que Maggie était déjà trop loin pour les entendre ; elle se dirigeait vers le vaste / grand grenier qui s’étendait sous le vieux toit pentu, secouant ses mèches noires gorgées d’eau en courant / et en courant, secouait ses boucles noires pleines d’eau, telle un Skye-terrier qui se serait échappé de son bain.
Ce grenier était le refuge préféré de Maggie les jours de pluie, quand il ne faisait pas trop froid. C’était là qu’ / Là, elle se déchargeait de / extériorisait toute sa mauvaise humeur, parlait à voix haute aux planchers et aux étagères vermoulus et aux sombres chevrons festonnés / ornés de toiles d’araignées ; et c’était là qu’elle gardait / cachait un fétiche qu’elle punissait à chaque fois qu’il lui arrivait malheur / pour tous les malheurs qu’elle subissait.
Il s’agissait du / C’était le tronc d’une grosse poupée de bois dont les yeux, on ne peut plus ronds, s’écarquillaient autrefois au-dessus de joues des plus rouges / d’une extrême rougeur / on ne peut plus rouges, mais qui était désormais complètement défigurée après avoir souffert tant d’années à la place d’une autre / par une longue carrière de souffre-douleur.
Trois clous plantés dans sa tête commémoraient autant de crises traversées par Maggie au cours de ses neuf éprouvantes années d’existence terrestre ; cette vengeance démesurée / exubérante lui avait été suggérée par l’image / l’illustration de Jaël assassinant Siséra dans la vieille bible.
THÈME
It was (on) a spring day / It happened on a spring day. I had brought my publisher my latest translation. It lay / was lying on his desk next to the translated novel / novel I had translated. At some point, for a reason I cannot remember, the publisher walked out of / left the room. The two objects / items remained in front of me: the original and the / its translation. Why did I grab / seize / take hold of them? Why did I start weighing them (in my hands), putting them one on top of the other / putting one on top of the other, skimming / leafing / flicking / flipping through them? It was probably a way of staying busy while waiting / That must have been a meaningless gesture to pass the time, or was it the pleasure of caressing / touching / patting a finished work // or was it because it felt nice to be able to touch the work I had completed? In any case / Anyway / Anyhow, by force of habit / mechanically, as any translator would do // as the last reflex of a translator, I ended up reading the last sentence of each volume / I eventually came to read the last sentence in each volume, which led me to discover an anomaly there. Instead of a semi-colon, I had used / put a comma. The author had written: “It was over; the day was about to start.” I had translated: “It was over, the day was about to start.”
Adding a mere / simple dot above the comma was / would have been enough to correct this mistake. I did not do it. I looked once more / I took a second look at the semi-colon, and at the comma. They left me indifferent / I was completely indifferent to them. And I put the novel and the translation back on the desk / back in place. I should have noticed / realized that it was the beginning of something / that something was beginning / that something had started. But it is in the nature of beginnings to pass / go unnoticed; how many wars and how many loves could / would have been avoided had one seen them coming? Nevertheless / Nonetheless, this left its mark on me / it had left an impression on me for / since, as I was working on my next translation / during my next translation, I started wondering about the value / I started questioning the significance of semi-colons and commas. I could, of course, tell you about the differences between them, – which are useless, most of the time – but that’s not my point. My point is that, later / afterwards, I eliminated / suppressed a considerable number of semi-colons from the book. Forty-eight, to be precise / exact / specific // exactly.
Had anyone noticed / If anyone had noticed this, my destiny / fate would have remained unchanged / the same. But that did not happen. Nobody noticed their absence. Who could have, anyway / actually? I am a renowned / well-known translator and my publisher hadn’t had my translations checked / proofread in a long while / my publisher had long stopped having my translations checked. On the contrary, she often asked me to proofread / check some of my colleagues’ translations / some of my fellow translators’ works. As for the author, he was a Japanese man who did not speak a word of French / who did not know a single word of French / he was Japanese and did not speak a word of French. That just shows how free I was to commit my murders / assassinations // Needless to say, – I was on safe ground to commit my murders.
Talking of / about murders for a few semi-colons may / will certainly seem a little exaggerated to you. Yet, it is the right word. To me, words are living beings.
Session 2020
Sujet (George Orwell, Nineteen-Eighty-Four —
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes)
Rapport
VERSION
Winston and Syme poussèrent / passèrent leur(s) plateau(x) sous la grille. Sur chacun de ces plateaux, on jeta à la hâte ce qui constituait le déjeuner réglementaire : une gamelle / un bol en métal rempli(e) d’un ragoût d’un gris rosâtre, un morceau de pain, un cube de fromage, une tasse de café Victory / Victoire sans lait, et un comprimé de saccharine.
— Il y a une table là-bas, sous ce télécran, dit Syme. Prenons / On peut prendre un gin au passage.
Le gin leur fut servi dans des tasses en porcelaine sans anse. Ils se frayèrent un chemin / Ils se faufilèrent à travers la salle bondée et déposèrent le contenu de leur plateau sur la table au revêtement métallique, sur un coin de laquelle quelqu’un avait laissé une flaque de ragoût, sorte de bouillie infâme qui ressemblait à du vomi. Winston saisit sa tasse de gin, s’arrêta un instant pour se donner du courage et avala / engloutit d’une traite le liquide au goût d’huile. Après avoir chassé ses larmes d’un clignement d’yeux, il se rendit soudain compte qu’il avait faim. Il se mit à avaler à grandes cuillerées le ragoût dans lequel baignaient, au milieu d’un mélange indéfinissable, des cubes d’une matière rosâtre et spongieuse qui devait être une préparation à base de viande. Ni l’un ni l’autre ne dit un mot avant d’avoir terminé sa gamelle / ne dirent un mot avant qu’ils n’eussent vidé leur bol. À la table qui se trouvait à la gauche de Winston, légèrement derrière son dos, quelqu’un parlait à toute allure et sans interruption ; c’était un baragouin aux sonorités dures, semblable au caquetage d’un canard, perçant le brouhaha qui régnait dans la salle.
— Comment avance le Dictionnaire ? dit Winston en élevant la voix pour couvrir le bruit.
— Lentement, dit Syme. J’en suis aux adjectifs. C’est fascinant.
Son visage s’était illuminé / Il s’était déridé à l’évocation de la Novalangue. Il poussa sa gamelle sur le côté, prit son morceau de pain de l’une de ses mains délicates et son fromage de l’autre, puis se pencha au-dessus de la table afin de pouvoir parler sans crier.
— La onzième édition est / sera l’édition finale, dit-il. Nous sommes en train de donner à la langue sa forme définitive, la forme qu’elle aura quand personne ne parlera plus aucune autre langue. Quand nous en aurons terminé, les gens comme toi devront tout réapprendre depuis le début. Tu penses / Vous pensez, j’imagine / j’en suis sûr, que notre tâche principale est d’inventer de nouveaux mots. Pas le moins du monde ! Nous détruisons des mots, des vingtaines, des centaines de mots chaque jour. Nous taillons la langue jusqu’à l’os. La onzième édition ne contiendra pas un seul mot qui puisse devenir obsolète avant 2050.
THÈME
Augustin Meaulnes’s arrival at our school / The arrival of Augustin Meaulnes, which coincided with my recovery, marked the beginning of a new life / was the start of a new life.
Before he joined the school, when (the) class was over / the schoolday ended, at four o’clock, a long lonely / lonesome / solitary evening would begin for me. My father carried the fire from the schoolroom stove / the stove in the schoolroom to the fireplace in our dining-room, and little by little, the last straggling / stray boys left the school, which, by now, had gone cold and in which wisps of smoke were still billowing. There were still some games and chases (going on) round the yard / A few boys were still playing and running about in the yard. Then night fell. The two boys / pupils who had been sweeping / had swept the classroom fetched / collected their hoods and capes in / from the shed and then left swiftly / hurried off, with their baskets on their arms / hanging from their arms, leaving the big gate open.
Then, for as long as there remained some daylight / a ray of light, I would stay at the back of the townhall locked up / shut up in the archive room which was full of dead flies and posters flapping in the wind, and I read sitting on an old weighing machine, near a window which overlooked the garden.
When it was / got dark, when the dogs from the nearby / neighbouring farm started howling and light appeared in the window of our small kitchen / when the window of our small kitchen lit up, I finally went back home. My mother had started preparing dinner / getting dinner ready. I would go up / climb three steps on the staircase to the attic / loft, sit down without a word and, leaning my head against the cold (posts of the) banister, I watched her light her fire in the narrow kitchen where the flame of a candle flickered.
But someone came and took away from me / deprived me of all the pleasures of the peaceful child I was / of my peaceful childhood. Someone snuffed out the candle which lit (up) for me the soft / gentle motherly face bending over the evening dinner. Someone blew out / put out the lamp around which a happy family sat at night, once my father had fastened the wooden shutters to the French windows. That someone was Augustin Meaulnes, whom the other pupils were soon to call / would soon call “the Great Meaulnes”. As soon as he became a boarder in our house / came to board with us, that is from the first days of December, the school stopped being deserted in the evening after four o’clock.
Session 2019
Sujet (Sinclair Lewis, Babbitt, 1922 —
Irène Némirovsky, Suite française)
Rapport
VERSION
Avant le petit-déjeuner, il retrouvait toujours ses habitudes de garçon de la campagne,
élevé dans le nord de l’état, et reculait devant les exigences complexes de la vie urbaine : se
raser, prendre un bain, décider si la chemise portée la veille était assez propre pour être portée
un jour de plus. Chaque fois qu’il restait chez lui le soir, il se couchait tôt et s’acquittait par
avance de ces devoirs ingrats avec la plus grande efficacité. Il s’offrait toujours le luxe de se
raser tout en étant confortablement assis dans une baignoire remplie d’eau chaude. Si on
l’observait ce soir même, on verrait un bonhomme enrobé, à la peau lisse et rose et au crâne
clairsemé, privé de ses lunettes et du sérieux qu’elles confèrent, accroupi dans une eau lui
arrivant à la poitrine, râclant ses joues enduites de mousse avec un rasoir de sécurité
ressemblant à une petite tondeuse à gazon et griffant l’eau avec une dignité mélancolique pour
tenter de retrouver un morceau de savon glissant et agité.
Il était bercé jusqu’au rêve par la chaleur caressante. La lumière tombait sur la paroi
interne de la baignoire, formant un dessin de lignes délicates et ondulées qui glissaient en
produisant, quand l’eau tremblait, un éclat vert sur la paroi de porcelaine incurvée. Babbitt
contemplait nonchalamment ce spectacle ; il remarqua que, le long de ses jambes dont
l’ombre se détachait sur le fond lumineux de la baignoire, les bulles d’air agrippées aux poils
étaient reproduites telles d’étranges mousses tropicales. Il tapota la surface de l’eau et la
lumière qui s’y réfléchissait chavira, rebondit et s’envola. Il était satisfait, il était comme un
enfant. Il jouait. Il passa un coup de rasoir le long d’un de ses mollets dodus. Le tuyau
d’évacuation gouttait, produisant un chant doux et entraînant : plic, ploc, plic, ploc, plic, ploc,
plic, ploc. Cela l’enchantait. Il regarda la baignoire massive, les magnifiques robinets en
nickel, les murs carrelés de la pièce, et il se sentit vertueux de posséder de telles splendeurs.
Il se redressa et s’adressa à ses accessoires de bain avec sévérité : « Viens ici toi ! Tu
as assez joué comme ça ! », dit-il, sermonnant le savon perfide ; puis il défia la brosse à
ongles rugueuse : « Ah, ça ne m’étonne pas de toi, hein ! ». Il se savonna, se rinça et s’essuya
avec austérité ; il remarqua un trou dans la serviette-éponge, y passa un doigt d’un air
méditatif et retourna à la chambre d’un pas décidé, citoyen grave et inflexible.
Il y eut un moment de magnifique abandon, un éclair de mélodrame dignes de ceux
qui se présentaient à lui dans les embouteillages, quand, étalant un col propre, il découvrit
qu’il était effiloché sur le devant et le déchira en produisant un splendide chhrriiiiic. Ce qui
importait le plus était la préparation de son lit et de la chambre-véranda. Nul ne sait s’il aimait sa chambre-véranda en raison de l’air frais qui y circulait ou parce qu’il était d’usage de posséder une chambre-véranda.
THÈME
It was night in wartime, the alert had been sounded. But the night was fading and the
war was far away. Those who did not sleep – the sick in their beds, the mothers whose sons
were at the front, the women in love with eyes withered by tears – heard the first blow of the
siren. It was as yet only a deep breath much like the sigh heaved by an oppressed chest. A few
moments would go by before its wailing filled the whole sky. It came from afar, from beyond
the horizon, with no haste, or so it seemed!
The sleepers dreamt of the sea pushing its waves and pebbles forward, of a March
storm shaking the forest, of a herd of cows running heavily, making the ground shake under
their hooves, until finally sleep was broken and the man murmured, barely opening his eyes,
“Is it the alert?” The women, more nervous, more alert, were already up. Some of them, after
closing the windows and shutters, went back to bed. The day before – Monday 3 June /
Monday June 3rd – bombs had been dropped on Paris for the first time since the beginning of
the war, but the people remained calm. Nevertheless, the reports were bad. No one believed
them. No one would have believed them either had a victory been announced. “We don’t
understand any of this,” people said. The children were being dressed by the light of a torch.
The mothers lifted the small, warm, heavy bodies into both arms: “Come here, don’t be afraid,
don’t cry.” It was the alert. All the lights were going out, but beneath the clear, golden June
sky, every house, every street was visible. As for the Seine, it seemed to attract all the
scattered glimmers of light and to reflect them back a hundred times like a multifaceted
mirror. The badly blacked-out windows, the roofs glistening in the slight shade, the ironwork
on the doors whose every jutting part shone weakly, a few red lights lasting longer than the
others, nobody knew why, the Seine drew them in, captured them and made them bounce on
its waves.
Épreuve à option (Paris) :
Commentaire composé et court thème
Commentaire composé de littérature étrangère et court thème (Durée : 6h ; Coefficient : 3)
Session 2024
Sujet (Virginia Woolf, Jacob’s Room —
Olivier Bleys, Le Fantôme de la Tour Eiffel)
Rapport
THÈME
The Champ-de-Mars was mere/just // only/merely open country/flatland/grassland back then, a
desert horizon/wasteland/wilderness in the middle of the heart of Paris/the (French) capital. From
its original/first layout/arrangement/setting plan – an enclosed/walled vineyard, a market garden
– there was nothing left // nothing was left/remained but/apart from [//Nothing was left … but]
scraps/shreds/patches of bushes/undergrowth scattered about/over the vast
wilderness/wasteland // the bare immensity [//covering the bare immensity in places]. For over
a century, the soldiers had frolicked/cavorted/played about from one end to the other
of/across/all over the sand patch, simulating/feigning/staging attacks/charges and digging
trenches. When the Champ-de-Mars was not allotted to/dedicated to/occupied by war, there were
masses/(church) services or horseraces // services or horse races were held, (hot-air) balloons
were let loose/released/launched with Nadar and his photographic
box/device/equipment/chamber on board. Alas! Even adorned/embellished/prettified/graced
with World Fairs/(Universal Exhibitions) every ten years, even enclosed/surrounded/walled in
with boards, planks/wooden fences – immediately removed/taken off/stripped off/stolen by the
Gypsies/Roms – the Champ-de-Mars would always/was bound to/never failed to return/go back
// always returned/went back to wind and dust.
Session 2023
Sujet (Maya Angelou, I Know Why the Cage Bird Sings —
Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien)
Rapport
THÈME
He would (always) walk/He always walked/ bare-headed/hatless, as I was also criticized for doing ; his callous/corned/calloused feet did not need sandals/he did not need sandals with/for his callous feet. His ordinary/casual clothes were barely different from those of old beggars, stern/grave-looking farmers/farm tenants/sharecroppers crouching/squatting in the sun. He was rumoured/said to be a wizard/sorcerer, and the villagers tried to avoid making eye contact with him. But he was gifted with peculiar/odd/unique powers on/over animals. I once saw his old head getting cautiously, friendly/friendlily close to a vipers’ nest/a viper nest and his knotty fingers perform some sort of dance before a lizard. He would take me to watch the sky/to stargaze on top of/up a dry/arid hill on summer nights. I would fall asleep in a furrow, weary from/tired of having counted up meteors/meteorites. He sat/would sit, with his head up, imperceptibly revolving/rotating (along) with the stars.
Session 2022
Sujet (Katherine Mansfield, « The Garden Party » —
Vassilis Alexakis, La Langue maternelle)
THÈME
Session 2021
Sujet (Laurence Sterne, The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman —
Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée)
Rapport
THÈME
On nice / fine summer days / evenings, he would sometimes take us for a walk after dinner in the Luxembourg Gardens; we would eat / have ice-cream / ices on the terrace of a café / on a terrace in the place Médicis, and then cross the gardens again / then walk back through the gardens as a bugle call warned us that the gates were about to be closed. I envied the inhabitants of the Senate their nocturnal reveries along the deserted paths. My daily routine was as inalterable / strict as the rhythm of the seasons: the slightest deviation / departing from it, however slightly, transported me into the realm of the extraordinary. Walking in the mild / mellow twilight, at the hour / a time when Mother was usually bolting / locking the front door, was as surprising / startling / unexpected and as poetical as finding hawthorn in flower in the middle / in the heart of winter.
Session 2020
Sujet (Nathaniel Hawthrone, The Birth-mark —
Romain Gary, La Promesse de l’aube)
Rapport
THÈME
The violin and ballet having thus been ruled out, and my ineptitude at mathematics making it impossible for me to become a “new Einstein” / As the violin and ballet had both been ruled out and as I was too useless at maths to become a “new Einstein”, it was I, this time, who tried to discover in myself some hidden talent which might allow / have allowed my mother’s artistic aspirations to be fulfilled / to come true.
For several months, I had got into the habit of / become used to playing with the box of colors which was part of my school set / school equipment / my schoolboy’ s equipment.
I spent long hours with a brush in my hand / brush in hand, getting intoxicated with / drunk on red, yellow, green and blue. One day – I was ten years old then – my art teacher came to (see) my mother and informed her of his opinion / gave her his opinion: “Your son, madam, has a gift / talent for painting which should not be overlooked / must not be neglected.”
This revelation affected my mother in a totally unexpected way / had a completely unforeseen effect on my mother. The poor woman was no doubt too influenced by / must have been too imbued with the bourgeois legends and prejudices which prevailed at the beginning of the century / of the beginning of the century; anyway / be as it may, for one reason or another, painting and a ruined life / art and failure went hand in hand / were one and the same thing in her mind.
Session 2019
Sujet (Edward M. Forster, A Room with a View, 1908 —
Gustave Flaubert, « Un cœur simple », Trois contes)
Rapport
THÈME
Loulou had been given a hard flick (on the ear / on the head) by the butcher’s assistant as he had been so bold as to stick his head into the boy’s basket. Ever since, the bird would peck the boy through his shirt at the first opportunity. Fabu threatened to wring Loulou’s neck, even though he was not cruel, despite his tatooed arms and his big sideburns. Quite the opposite ! He rather liked the parrot, to the extent that, in his playful manner, he had decided to teach him to swear / to the extent that the facetious boy had decided to teach the bird to swear. Félicité, alarmed by this behaviour, moved the parrot to the kitchen. His small chain was taken off and he went freely about the house.
When he went down the stairs, he rested the curve of his beak on the steps, raised his left, and then his right, leg. She got scared that these gymnastics / acrobatics might make him feel giddy. He fell sick and became unable either to eat or speak.
Épreuve de spécialité (Lyon) :
Thème
Thème en langue vivante étrangère (Durée : 4h ; Coefficient : 2)
Session 2024
Sujet (Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951)
Rapport
THÈME
It was in Rome, during the long, official meals, that I would sometimes reflect on the relatively recent origins of our luxury, on this stock of thrifty farmers and frugal soldiers fed on garlic and barley, and suddenly thrust by conquest into the cuisines of Asia, and gobbling up those elaborate foods with the boorishness of peasants gripped by hunger pangs. Our Romans stuff themselves with ortolans, drown themselves in sauces, and poison themselves with spices. A certain Apicus prided himself on the succession of courses, on the series of dishes–sweet or sour, hearty or subtle– that made up the fine composition of his banquets. That might indeed be possible if each of those foods were served separately, eaten on an empty stomach, and solemnly savoured by a gourmet with unimpaired taste buds. But all jumbled together in an abundance both banal and daily, they create an appalling confusion in the palate and the stomach of the eater wherein all smells, tastes, and textures lose their singular value and wonderful specificity. That poor Lucius used to enjoy making exquisite dishes for me. His pheasant patés, with their expert blend of ham and spices, demonstrated a skill as precise as that of a musician or a painter. I, however, missed the plain flesh of the beautiful bird.
Greece was better at these things. Its resinated wine and sesame-studded bread, its fish grilled
on the seashore, each side unevenly charred by the fire and seasoned here and there with the
crunch of a grain of sand, satisfied the appetite purely, without adding too much complication
to these simplest of pleasures. In some dive in Aegina or Phaleron, I have tasted food so fresh
that it remained divinely clean, in spite of the dirty fingers of the tavern boy, food that was so
humble, yet so satisfying that it seemed to contain some essence of immortality in its most
compressed form. The meat cooked on the evening of a hunt also had an almost sacramental
quality, taking us further back, to the wild origins of the races. Wine initiates us into the volcanic
mysteries of the earth and its hidden mineral wealth: a cup of Samos wine, whether drunk
under the noonday sun, or, on the contrary, imbibed on a winter’s evening in a state of fatigue
that allows one to immediately feel its warm flow in the hollow of the diaphragm, its steady and
scalding spread along the arteries, gives a feeling that is almost sacred; sometimes it is too
strong for the human mind
Session 2023
Sujet (Irène Némirovsky, Suite française)
Rapport
THÈME
The hours went by quietly. There were fewer motorcars on the road. Bicycles still whizzed past at great speed as though carried along by the raging wind that had been blowing from the north-east all week and dragging the wretched souls along with it. A little later – a surprising sight – a few cars appeared coming from the opposite direction to the one they had been taking for the past week; they were heading back to Paris. Upon seeing this, people truly thought it was all over. Everyone went home. The clatter of the dishes that the housewives were washing up in their kitchens, the light footsteps of a little old lady taking grass to the rabbits, and even the song of a little girl drawing water from the pump could be heard once again. Dogs were fighting and rolling around in the dust. It was evening – a delightful twilight, clear air, and blue shadows. One last ray of the setting sun was caressing the roses, and the church bell was summoning the faithful to prayer, when a noise arose on the road and grew louder. It did not sound like the noise of the past few days. It was muffled and resolute and the rumbling seemed to be advancing without haste in a heavy, unrelenting way. Lorries were driving towards the village. This time it really was the Germans who were coming. Men climbed down from lorries that had stopped in the square. Other lorries came behind the first ones, then more and still more. Within a few minutes, the whole of the old, grey square, from the church to the town hall, was nothing but a motionless, dark mass of iron-coloured vehicles, on a few of which the odd withered branch – the remnants of camouflage – could still be seen.
There were so many men! […] The Germans were pouring out from all directions, swarming over the squares and streets; more and more kept appearing. Since September, the village had become unaccustomed to hearing the footsteps, laughter, and voices of young people. The village was in a daze, suffocated by the hum coming from the sea of green uniforms, the smell of healthy mankind, a smell of fresh meat, and, above all, by the sounds of the foreign language. The Germans invaded the houses, shops, and cafés. Their boots rang out on the red tiles in the kitchens. They asked for something to eat and drink. They patted the children’s heads as they walked past. They waved their hands around, sang, and laughed with the women.
Session 2022
Sujet (Thomas Reverdy, Climax)
Rapport
THÈME
Climbing is all about putting one foot in front of the other and and doing that over and over again, and, when the going gets tough, it’s finding the least tiring routes, saving your strength, using your hands or ice axe to help, overcoming each obstacle in turn as if they were thousands of tiny summits, and carrying on. It was on his third day on the mountain, once he had reached the top, before crossing over on to the other side and going over the rocks to skirt around the fault line that Anders really turned around. He looked back at the path he would have to take down again. It was only then, after having read the instruments and done what he had to, or could do, that he stopped. And, his eyes taking it all in, he contemplated helplessly and serenely the scale of the disaster. He was stupefied. For many long minutes, he stood staring at the fault lines, the cracks and the complex lines that they formed in the white ice; concentric and winding, they were like a crazy spider’s web, and drawing no conclusions, he examined them as he would an abstract drawing, an impossible, unnatural geometry.He also realized that it was undoubtedly a stupid mistake to have come here.
Facing the sea of ice at his feet, prey to storms, in the already setting sun of the Arctic’s twilight seasons, Anders was filled with foreboding. The low sunlight was casting flames onto the slightest ridge and casting shadows to attack the chasms. The light was so bright and was sinking so quickly towards the horizon that the glacier, like a decaying corpse prey to a silent and swarming life, seemed to stir, heaving its hoary crust, its enormous, fragile sheathe to the rhythm of its breathing or to swells coming from the depths.
It was only the melancholy caress of one of the last suns of the year, but it imbued the scene with a vision of imminence of the disaster. A feeling of the end of the world.
Dark clouds were gathering in the east, nearer over the land, where the mountains lie snaking like a sleeping dragon. There, and all the way to the horizon, the black stone ridges were quivering in the light haze of the surrounding snow swept up about by icy winds. Everything seemed to be awakening this evening. That’s what Anders thought, and that’s the impression it gave. In the valley, on the side where the sun was setting, the town, lying at the mouth of the fjord, was already lit up. On the slope, the little cemetery could be made out, its tombs illuminated by hundreds of candles burning inside their miniature lanterns. How far away it seemed.
Session 2021
Sujet (J.M.G. Le Clézio, Ourania)
Rapport
THÈME
At the end of the rainy season, the Valley would fill up each evening. Behind their tinted windows, and safe inside their flashy truck cabs bedecked with flames, dragons, ninjas, or Aztec warriors, the sons of the prominent families would reclaim the city center that their parents had fled because of its insalubrity. They came from the outlying areas, from the ranches and neighborhoods of the wealthy, from Glorieta, Media Luna, Porvenir, Huertas, Nuevo Mundo. They were the billionaire heirs to the strawberry empire, the Escalantes, the Chamorros, the Patricios, the De la Vegas, the De la Vergnes, the Olguins, the Olids, the Olmoses…
A long time ago, their parents had traded their decrepit but magnificent old mansions of pink stone for California- style villas made of concrete and painted red and yellow; neo-Gothic castles with fake slate roofs topped with fake gables; marble-colonnaded porches and Jacuzzi lounges; swimming pools shaped like hearts, guitars, or strawberries.
But they had not given up their right over the city. They had converted their family homes into shopping malls, multi-story parking garages, movie theatres, ice-cream parlors, or restaurants serving gaucho-style grilled steaks. And in the middle of this city in ruins, of these streets filled with potholes, and these open sewers, Don Thomas had created the Emporio, a center for research and higher education dedicated to knowledge and the humanities. Thomas Moises did not come from one of those prominent families of strawberry planters and avocado producers who held the whole of the Valley in their hands. He was the last descendant in a long line of intellectuals and public figures who had provided the State with judges, school-masters, and clergymen and had managed to make it through wars and revolutions while steering clear of power. He came not from the Valley, but from Quitupan, a mountain village at the headwaters of the Tepalcatepec River.
The first time I met him, in his office at the Emporio, I was received with a kindly reserve that I appreciated. I saw a portly little olive-skinned man, with jet-black hair, the gentle eyes of an Indian, and an old-fashioned toothbrush mustache. In fact, everything about him was old-fashioned. He was wearing a brown suit, whose jacket looked worn and a blue guayabera shirt, his small feet shod in perfectly polished black shoes. At the age of fifty, after a life devoted to teaching history at universities, he had founded this small college out of love for his native region, and to try to save what could be saved of tradition and memory. To this Athaneum he had given the modest name of Emporio, that is to say, the Market.
Session 2020
Sujet (Pierre Péju, L’Œil de la bête)
Rapport
THÈME
The shriek of an animal whose throat was being slit startled him. It was not, however, the squeals of a dying pig that had wrenched Horace out of his daydream, but the honk of a horseless carriage slowly making its way through hackney cabs, barouches, overloaded carts, and pedestrians, who loomed up like ghosts in the glare of its headlamps. Wisps of vapor were coming up out of the ground. He stepped aside to give way to the imposing vehicle, whose unfamiliar racket made the horses neigh and rear up. It was impossible to make out whether there were any passengers behind the driver, but for a few seconds, he thought he glimpsed a long, pale hand wiping away the condensation on the other side of the window in which his face was reflected. That hand, skeletal almost, seemed to be waving farewell to him. It was the hand of no one. A farewell to the void.
And so it was that on some evenings of that strange spring of 1915, after having spent the morning in his hospital ward, and the afternoon listening to the neurotic patients lying on his couch, Horace W. Frink would go out, aimlessly wandering the streets of New York for an hour or two, before returning to feverishly read and write in the solitude and silence of his office. It should be said that after many painful, uncertain years, Dr. Frink had become quite a remarkable figure. At thirty-two years of age, he was a hospital psychiatrist, a professor of neurology at Cornell, and a freshly minted psychoanalyst whose private practice was flourishing. He no longer needed to rely on Abraham Brill to refer patients or complicated cases of nervous disorder to him, for Americans were starting to take an avid interest in Dr. Freud’s methods. Despite this newfound renown, Horace remained an uneasy and troubled man. An old worry gnawed away at him. Many nights, he was unable to sleep a wink.
That particular evening, he was walking briskly, jumping over muddy puddles with youthful energy, his hands in the pockets of his thick coat, its collar turned up, since as soon as night fell, gusts of wind would catch you off guard at every street corner. His feet were leading him to Mac Sorley’s, an out-of- the-way pub whose raw atmosphere appealed to him. As he wandered through Manhattan, he recalled snippets of cryptic sentences uttered by one of his patients a few hours earlier. He was haunted by images: dreams dreamt by others, but which seemed mysteriously to have been copied from his own.
Session 2019
Sujet (Françoise Sagan, Avec mon meilleur souvenir)
Rapport
THÈME
We spent a fortnight – or fifteen dawns to be more precise – from 4 in the morning until 11 or midday,
listening to Billie Holiday sing in that perpetually smoke-filled club. Michel would sometimes
accompany her on the piano, which made him proud as a peacock, and when it wasn’t him, it was one
of the countless musicians, one of Billie Holiday’s devotees, who, alerted by the thousand jazz beats
that echoed through the New York night, would all show up, one after the other, at one dawn or
another, from one club or another. In the audience, there were only us French people, two or three
friends of Lady Day and her husband, her man of the moment, a tall, surly guy with whom she would
speak vehemently. On stage, besides Cozy Cole on the drums, there were twenty famous jazz
performers, each one more famous than the next. Gerry Mulligan would play a duet with our friend
singing – she who had become our friend by this point – through floods of alcohol, bursts of laughter,
misunderstandings and sometimes fits of anger which subsided as quickly as they had erupted. Our
friend Billie Holiday who would pat us on our heads as if we were kids, and from whom we were cut
off, without even realising it, by a whole tragic past, a whole terrifying fate, a life replete with tumult and
violence but full of talent and just as able to satisfy her tastes as it was to erase her dislikes, merely by
closing her eyes and letting gush from her throat a kind of amused moan that was cynical and so
deeply vulnerable… inimitable, the call of a triumphant and despotic character, regal in its authenticity,
for there was nothing sophisticated or outwardly complicated about her. I did not realise at the time
that a life in itself could bridge all the complexities of the most withdrawn and perverse of minds. I did not realise that she was nothing but a raw, almost bleeding body, that pushed through the blows and
caresses which she seemed to defy simply by breathing. She was a femme fatale, in the sense that
fate had taken hold of her right from the beginning and had never left her; the sole defence it had left
her with, after a thousand wounds and a thousand equally violent pleasures, was the humorous
intonation in her voice, this note which could be strangely husky when she went very far, or very low,
and she suddenly came back to us with her mocking little laugh and proud and timorous eyes.
