La Société des agrégés proposent plusieurs documents pour la préparation latine sur son site.
Voir les « Ressources pour le latin », dont les bibliographies suivantes sont une sélection.
Voir les condensés de rapports du jury pour la version latine et le thème latin sur la page « Agrégation ».
Grammaire latine
BAUDIFFIER Edmond, GASON Jacques, MORISSET René et THOMAS Auguste, Précis de grammaire des lettres latines, Paris, Magnard, [1963] 2018.
GUISARD Philippe et LAIZÉ Christelle, Grammaire nouvelle de la langue latine, Rosny-sous-Bois, Bréal, 2001.
PETITMANGIN Henri, Grammaire latine, Paris, De Gigord et Nathan, [1912] 1991. Disponible sur le site du Cercle latin de la Nouvelle-France (HTLM, PDF et EPUB) et sur le site de La Vie des classiques (PDF).
SAUSY Lucien, Grammaire latine complète, Paris, Eyrolles, [1947] 2010.
TOURATIER Christian, Grammaire latine. Introduction linguistique à la langue latine, Paris, Sedes et Armand Colin, 2008.
La grammaire de BILLORET et GREINER est numérisée sur le site de la Société des agrégés.
Syntaxe latine
ERNOUT Alfred et THOMAS François, Syntaxe latine, Paris, Klincksieck, 2002.
RIEMANN Othon, Syntaxe latine d’après les principes de la grammaire historique, Paris, Klincksieck, 1927, 7e édition revue par Alfred ERNOUT. Disponible sur Google Books (PDF).
Vocabulaire latin
GUISARD Philippe et LAIZÉ Christelle, Lexique nouveau de la langue latine, Paris, Ellipses, 2007.
MARTIN Fernand, Les Mots latins, Paris, Hachette, 1977.
MEISSNER Carl, Phraséologie latine, Charles Pascal (trad.), Paris, Klincksieck, 1942, 5e édition. Disponible sur Accademia Vivarium Novum (PDF). Une nouvelle édition française est en cours.
PODVIN Michel-Louis, Les Mots latins. Les 2500 mots et constructions de base du latin, Paris, Nathan, « Scodel », 1991.
Exercices latins
FAMERIE Étienne, La Maîtrise du latin par la pratique. Exercices de syntaxe et de style, versions, thèmes grammaticaux et littéraires avec corrigés, Malakoff, Armand Colin, 2020.
PETITMANGIN Henri, Exercices latins (Troisième série), Paris, De Gigord, 1914 (pour le livre de l’élève et le livre du maître).
PORTE Danielle, Naufragés du latin, ce livre est le vôtre, Paris, Ellipses, 1999.
Explication de texte et commentaire littéraire
BARDON Henri, Explications latines de licence et d’agrégation, Paris, Vuibert, [1946] 1954.
MARTIN Paul M., L’Explication de textes latins, Paris, Ellipses, 1999.
SORBA Julie (coord.) et alii, L’Explication de textes en langues anciennes. Préparation aux concours, Paris, Ellipses, 2008.
Version latine
CHEVALLIER Claude-Alain, Exercices de version latine avec corrigés systématiques, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », 2011, 3e édition.
DURVYE Catherine, Vade mecum de la version latine. Des grands débutants aux latinistes confirmés, Paris, Ellipses, 2019.
PINGUET Jérémie, Méthod’Latin. Classes préparatoires, Université, Concours, Paris, Ellipses, « Méthodix », 2019. [J’ai mis dans cet ouvrage tous les conseils qui m’ont permis de réussir !]
Thème latin
Voir aussi cette page.
ADAM Richard et LIOU Bernadette, Entraînement au thème latin (DEUG, licence, agrégation), Paris, Klincksieck, [1991] 1995. Voir non seulement le compte rendu de Jean-Christian Dumont et d’Henri Louette (L’Information Grammaticale, no 54, 1992, p. 59-61, disponible sur persee.fr) sur cet ouvrage, mais aussi la réponse (ibid., p. 61-63) des deux auteurs.
BIZOS Marcel et DESJARDIN Jacques, Cours de thème latin, Paris, Vuibert, [1971] 1998.
DAMASSIEUX Benjamin, Vademecum de thème latin. Débutants et confirmés. CPGE, Université, Concours, Paris, Ellipses, 2022.
GUILLEMIN Anne-Marie, Le Thème latin à la licence ès lettres, Paris, Hatier, 1945.
MÉARY Janine, 40 thèmes latins, Paris, Belin, 1983.
PETITMANGIN Henri, Quatre-vingts thèmes latins commentés, Paris, De Gigord, 1928 ; 80 thèmes latins commentés, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée par Jérémie Pinguet et alii, Paris, Ellipses, 2020.
SAUSY Lucien, Le Thème latin aux examens et concours de l’Enseignement supérieur, Paris, Lanore, 1964 ; Le Thème latin. 65 exercices corrigés, nouvelle édition, corrigé et augmentée par Olivier Espié et Jérémie Pinguet, Paris, Eyrolles, 2021.
WALTZ René, Manuel de thème latin, Paris, Klincksieck, [1948] 1957.
Quelques remarques glanées dans les rapports de jury
POUR LA VERSION LATINE
Généralités
Comme l’écrivait déjà Renaud Viard dans le rapport de concours publié en 2007, « fabricando faber fit » : c’est aussi en lisant du latin qu’on devient latiniste. [RJ-AELM 2014]
On s’entraînera en traduisant des textes variés, pris dans toutes les périodes et tous les genres littéraires, ce qui servira aussi pour la préparation de l’oral hors programme. [RJ-AELC 2008]
L’apprentissage du latin, comme de toute langue moderne ou ancienne, demande entraînement et pratique régulière. […] Il n’y a pas d’apprentissage de langue sans lecture de textes variés, entraînement à la version, révision des points de grammaire essentiels. Le jury ne s’interdit aucun type de texte, pourvu qu’il soit dans une langue accessible, et qu’on puisse le décrypter à l’aide d’une analyse rigoureuse. L’entraînement au latin est payant en termes de résultats puisque l’épreuve de latin est l’une de celles dont la moyenne est la plus haute au concours. [RJ-AELM 2008]
Le RJ-AELM 2012 est particulièrement riche pour les conseils généraux pour la version latine, qui est un exercice tout à la fois de traduction, de lecture et d’écriture.
Il faut essayer de connaître les realia les plus simples de la culture romaine (les funérailles, la maison, les objets, les vêtements…). [RJ-AELC 2004]
Petits mots du jury
Souhaitons aux futurs candidats de trouver quelque plaisir dans leur préparation, afin que l’épreuve ne soit rien de plus que ce qu’elle doit être, une étape et un passage vers d’autres navigations ! [RJ-AELC 2011]
Gestion du temps
Il est inutile, le jour de l’épreuve, de se jeter sur le dictionnaire comme si l’on avait entendu le coup de pistolet du starter : une version en quatre heures relève plutôt de l’épreuve de fond que du sprint. Consacrer le premier quart d’heure à lire tranquillement, plusieurs fois, l’extrait proposé n’a rien de superflu, loin s’en faut : c’est le temps qu’il faut pour se calmer et reprendre ses esprits après l’affolement que génère toujours la découverte du sujet (« Catastrophe, du Tacite ! », « Horreur, je n’y comprends rien du tout ») ; c’est aussi le temps qu’il faut pour découvrir le passage et s’en imprégner peu à peu. Bien des erreurs, grossières, de traduction sont manifestement dues à un défaut de concentration ou à une lecture trop hâtive du texte, qui bloque la compréhension. [RJ-AELM 2014]
Le paratexte
Le titre et le chapeau introductif, lorsqu’il y en a un, doivent être pris en compte dans la compréhension du texte.
Il est indispensable de lire attentivement le paratexte et de tenir compte de la logique d’ensemble du texte pour éviter les erreurs de logique dans la traduction. [RJ-AELM 2016]
Principes de traduction
Rappelons que l’on demande aux candidats non pas de commenter le texte, mais bien de traduire son sens obvie ; si un double sens possible se présente, on peut bien entendu essayer de le rendre en français, mais si cela apparaît impossible, il faut s’attacher à rendre le sens qui apparaît le plus évident. [RJ-AELM 2013]
Il ne faut jamais laisser de non-sens et, autant que possible, toujours finir sa copie.
Rappelons, à propos des copies inachevées, que les pénalités appliquées sont maximales, puisque nous considérons que le candidat aurait fait les fautes les plus graves répertoriées dans les autres copies. [RJ-AEGr 2015]
Le latin n’hésite pas à répéter les mêmes termes, ce dont il faut rendre compte dans la traduction. [RJ-AELC 2015]
Faut-il préciser que la qualité d’une traduction, son élégance en plus de sa précision, est toujours chose extrêmement appréciée du jury qui n’hésite pas à accorder des points en plus, pour valoriser les copies qui se distinguent ainsi des autres ? [RJ-AELM 2006] Le jury valoriser les belles trouvailles. [RJ-AELC 2005]
Ne pas présenter sa traduction d’un texte poétique vers à vers. [RJ-AELC ]
La traduction elle-même
Trop souvent les candidats proposent un texte lourd, calqué sur le latin, et souvent fautif. [RJ-AELM 2008]
Attention aux termes en facteur commun.
Il faut restituer les possessifs que le latin n’écrit pas.
Il faut parfois clarifier la référence d’un pronom, pour éviter toute ambiguïté.
Penser aux parfaits à valeur gnomique (à traduire par un présent).
Éviter de traduire res par « choses ». Trouver une meilleure expression en fonction du contexte.
Après un impératif, il ne faut pas hésiter à mettre un point d’exclamation, même s’il n’est pas présent dans le texte latin.
Les futurs antérieurs sont souvent mal repérés.
Proposition d’une méthode de traduction [RJ-AELC 2011]
Il y a un certain nombre d’étapes indispensables avant de commencer à traduire, que nous reprenons ici. (Précisons qu’il est tout à fait déconseillé de recopier le texte latin de la version à cause de la perte de temps, du risque d’oublis, des erreurs de copies, etc.).
1. La lecture du texte, à plusieurs reprises, du début à la fin, pour avoir une idée du sens général du texte, en s’appuyant sur le titre, l’éventuel « chapeau » et ce qu’on sait de l’auteur, voire de l’œuvre si on la connaît.
2. L’analyse des constructions, le repérage des propositions et de leur nature (consécutive, relative, participiale, etc.) : étape capitale ! Impossible de traduire des mots à la suite les uns des autres sans reconnaître l’agencement de la phrase.
3. La recherche du vocabulaire : pas avant d’avoir fait les étapes précédentes ! On peut comprendre la construction d’une phrase même sans savoir le sens d’un verbe ou d’un adjectif. Si un article du dictionnaire est trop long, glisser un marque-page pour y revenir plus vite. C’est seulement alors que peut commencer la traduction :
4. Reprendre phrase par phrase pour dégager un sens. Attention, c’est le moment risqué du mot à mot : toujours chercher le sens ! Ne pas sauter trop vite à des conclusions qui font perdre de vue le mot à mot.
5. Reprendre la traduction, en revenant au dictionnaire si besoin, en respectant les échos de termes, les réseaux, les reprises : c’est là que se joue la « vraie » traduction, celle qui amène au sens clair et se formule fidèlement au texte.
6. Recopier lentement.
7. Relire en vérifiant que l’on n’a rien oublié.
Lecture du Gaffiot
Une mauvaise lecture de Gaffiot a porté certains candidats à traduire harenosus par « montagne de Bétique » (Hareni, orum) ou par « étable à porcs » (hara, ae). L’erreur provient de ce que Gaffiot ne donne pas le mot harenosus, mais le mot harena qu’il renvoie à arena. [RJ-AELM 2008]
Le dictionnaire Gaffiot est un outil d’aide et de vérification, non pas un sésame qui permettrait d’ouvrir toutes les portes du sens, il ne doit jamais être le premier recours : dans un premier temps, le candidat doit toujours s’efforcer de lire, d’analyser et de comprendre le texte avec ses propres forces et ses propres connaissances. [RJ-AELM 2008]
Le Gaffiot sort des morceaux phrases de leur contexte et change la structure syntaxique. Il ne faut donc pas recopier servilement la traduction proposée. [RJ-AELC 2010]
Il faut veiller aussi à ne pas recopier les définitions éclairant le sens : pour la traduction d’ « Œchalie », il est inutile et fautif de recopier « la capitale de l’Eubée ». En revanche, il est indispensable de recopier convenablement les noms propres : Nessus et non pas Nassus, Déjanire et non pas Déjarine… Autant de fautes comptabilisées au titre des fautes de français… en plus des fautes de latin ! [RJ-AELM 2016]
L’édition actuelle [de 2020] du Gaffiot contient un certain nombre de cartes : s’y reporter n’est pas inutile lorsqu’il est question de géographie. [RJ-AELM 2008]
Points de grammaire latine à revoir
Quelques difficultés de langue reviennent d’année en année et ont été l’occasion dans la version de graves fautes ou de regrettables maladresses. [RJ-AELM 2008]
Il faut identifier les fautes récurrentes que l’on commet et aussi le moment où on en fait le plus.
— les formes d’accusatif pluriel des noms parisyllabiques de la troisième déclinaison en –is au lieu de -es (finis, Carthaginiensis, omnis…)
— les valeurs de l’ablatif
— les sens du gérondif et de l’adjectif verbal (de substitution)
— les déponents
— les relatifs de liaison
— l’expression du lieu
— l’emploi des réfléchis
— les valeurs du subjonctif
— les interrogatives indirectes
— le style indirect
L’accord de proximité ou de voisinage est fréquent, notamment en poésie.
Les sujets des infinitifs de narration sont au nominatif.
Rédaction de la traduction
Il est très mal venu de proposer une solution alternative entre parenthèses : c’est la solution fautive que le jury, dans le doute, retiendra. De même, il convient de prévoir les confusions possibles, qui seront analysées en défaveur du candidat. [RJ-AELM 2016]
Il est inutile de procéder à des ajouts et à des gloses : le respect du texte s’impose et une expression ne peut être traduite par plus que ce qu’elle n’est en latin. [RJ-AELM 2016]
Il convient de soigner le respect des temps : dans de bonnes copies, qui résolvent des difficultés redoutables du texte, les confusions entre présent et imparfait relèvent manifestement de l’étourderie et « coûtent » cher… [RJ-AELM 2016]
Il est indispensable de prendre un temps pour se relire à la fin de la rédaction : les fautes de français coûtent cher.
Attention aux omissions ! Ces omissions sont parfois le fait d’étourderies : un mot ou un segment ne sont pas recopiés, ce qui entraîne l’alignement des pénalités sur le maximum prévu à cet endroit. [RJ-AELM 2016]
Les formes verbales
Penser à traduire le parfait descriptif latin par un imparfait (Statura fuit eminenti). [RJ-AELM 2015]
Orthographe et expression
La version latine est tout autant un exercice de français. L’orthographe et l’expression doivent être impeccables.
Est-il besoin d’ajouter que le jury est en droit d’attendre de futurs professeurs de lettres une bonne maîtrise de la langue française (orthographe et syntaxe) ? [RJ-AELC 2003]
— les remous
— le peuple grec mais une Grecque
— oh ≠ ô
— la Gaule, les Gaulois
Attention à l’orthographe des noms propres. Pâris n’est pas Paris !
Bien revoir la formation du passé simple (et du subjonctif imparfait, qui est calquée sur ce dernier).
Attention à l’emploi des modes en français (après après que, bien que, jusqu’à ce que, etc.).
Mots à ne pas confondre
Attention aux formes homographes, dont il est de bonne méthode de faire une liste (par exemple, mori qui vient de mos ou de morior ; factum peut être un participe ou un substantif ; hoc peut être un masculin ou un neutre, un nominatif, un accusatif ou un ablatif).
Rappelons à ce propos aux candidats qu’il est bon de connaître à l’avance un certain nombre de formes homonymes qui peuvent se révéler de véritables embûches quand on les rencontre dans un texte et qu’on n’a pas l’idée d’aller les vérifier dans le dictionnaire (comme la forme uenire, infinitif de uenio et de ueneo, ou l’adverbe affirmatif ne («assurément») qui n’est pas la conjonction de subordination). [RJ-AEGr 2015]
Attention aux mots à sens multiples comme agere, ratio, ars, res…
Ne pas confondre certains paronymes :
— nomen et numen
— alii et ceteri
Lumen et son pluriel lumina ne désignent pas systématiquement les yeux, même en poésie.
POUR LE THÈME LATIN
Nous aimerions insister sur la nature passionnante de l’exercice du thème : il n’est pas seulement un contrôle des connaissances morphologiques, lexicales et syntaxiques, il est la pierre de touche du rapport vrai que nous entretenons avec la langue et la littérature latines, comme de notre capacité à lire un texte français. [RJ-AEGr 2006]
Généralités
Répétons-le : trois conditions sont nécessaires pour réussir : avoir acquis une réelle familiarité avec les prosateurs classiques, connaître à fond une bonne grammaire scolaire, et s’être livré enfin à l’exercice plusieurs dizaines de fois au cours de ses études. [RJ-AEGr 2011]
Il faut rechercher la simplicité et la clarté.
Les bons, voire les excellents thèmes se lisent facilement et du premier coup ; cette lisibilité tient au naturel et à la simplicité des tournures utilisées ; il faut mettre fin à une fâcheuse tendance à recourir à des tours rares, alambiqués et inutilement compliqués. [RJ-AELC 2015]
Il faut se concentrer jusqu’à la fin de la copie.
Il faut soigner son écriture et écrire une ligne sur deux seulement.
Il faut faire preuve de compétences précises dans la langue latine, mais aussi savoir comprendre et interpréter le texte français, afin que la traduction soit aussi signifiante que correcte. [RJ-AELC 2006]
En guise de conclusion, et pour donner aux candidats futurs une perspective de travail, nous voudrions citer les judicieux propos de Paul Ricœur dans un de ses derniers articles (pour Le Monde, 25 Mai 2004) : « La traduction, c’est la médiation entre la pluralité des cultures et l’unité de l’humanité… elle ne se réduit pas à une technique ; elle constitue un paradigme pour tous les échanges… Il n’y a pas d’intraduisible absolu : malgré son inachèvement, la traduction crée de la ressemblance là où il ne semblait y avoir que de la pluralité. » [RJ-AELC 2006]
La vigilance dans la transposition d’une langue à l’autre porte sur le choix des mots et des expressions qui rendent le sens en évitant les ambiguïtés. Le raisonnement rigoureux aide à éviter les fautes d’accord, de cas, de temps, de mode. Il est indispensable de se ménager en fin d’épreuve un temps pour reprendre son travail, le retraduire sans se réciter le texte français, et revenir sur les différents points de la correction grammaticale. [RJ-AELC 2007]
Principes de traduction
on peut régler au passage l’épineuse question du lexique non classique : oui, il est normal d’utiliser, pour traduire des realia chrétiennes, un latin plus tardif que le latin cicéronien, canonique en thème. Sans hésiter, on devait traduire « les Chrétiens » par Christiani, orum, m., « les églises » par ecclesiae, arum, f., « les fidèles » par fideles, ium, m , les saints par sancti, orum, m., etc. Les périphrases torturées (et répétées !) que se sont imposées les candidats n’ont pas été sanctionnées, ou l’ont été légèrement, car elles sont la preuve d’un respect scrupuleux et louable des règles. Ce respect, parfaitement justifié, doit pourtant s’accompagner de bon sens et de discernement, de la conscience aussi de l’ampleur chronologique de la latinité. Dans la même logique, il était possible de traduire ici empereur par imperator (au lieu du traditionnel princeps), puisque tel était le mot d’usage à l’époque de Marc Aurèle. [RJ-AELC 2010]
Il ne faut pas réduire les relatives à de simples adjectifs.
Ne pas oublier les petits mots.
Rappelons qu’on doit, en thème, développer un nom propre (on n’écrit pas M. pour Marcus). [RJ-AELC 2010 : tous les correcteurs ne sont pas d’accord sur ce point car, dans les textes latins, le praenomen est rarement développé. Cela dit, développer le nom propre permet de montrer au correcteur qu’on est bien conscient que le praenomen se décline !]
Titres
Pour les titres métalinguistiques tels que « Livre sur », « Lettre à », « Éloge de », il faut utiliser le nominatif : Satura de senectute, Disputatio de senectute, Consolatio de senectute, Liber de Senectute ; pour dire « Éloge de », on préfère Laudatio + génitif à Laus ou Laudes. [RJ-AEGr 2008]
Élégance
On ne saurait trop insister sur les tournures latines, qui donnent son naturel au texte.
Le souci de la symétrie, de la concinnitas, semble ignoré des candidats. [RJ-AEGr 2006]
Le latin rapproche deux termes identiques (« l’homme a raconté sa vie à l’homme » : homo homini uitam suam narrauit) ou de même racine (uera ueritate). [RJ-AEGr 2007]
Les candidats doivent viser plus haut que le grammaticalement correct. [RJ-AELC 2003]
Penser, sans en abuser, aux balancements ita… ut…, quamquam… tamen…, idcirco… quia…
Barbarismes
Attention aux lapsus calami qui donnent des barbarismes. [RJ-AEGr 2006]
Les copies ne présentant aucun barbarisme ont été récompensées par un « bonus ». [RJ-AEGr 2011 : ce n’est pas contractuel !]
Les meilleures copies sont exemptes de barbarismes ; attention à l’écriture des voyelles ; attention aux temps primitifs des verbes ; les verbes tels que pereo ou redeo n’ont pas de formes passives personnelles.
Liaisons
Rappelons enfin que la particule de liaison la plus « incolore » est quidem, et qu’enim ne saurait être employé sans discernement à tout début de phrase. [RJ-AEGr 2014 : attention, quidem n’est pas toujours considéré comme une particule de liaison. Il est donc important de revoir ses emplois et sa place dans la phrase]
Même face à un texte du XXème siècle qui a beaucoup recours à la parataxe, il faut lier les phrases. [RJ-AELC 2005]
Ordre des mots
En latin, le verbe principal a tendance à être repoussé en fin de phrase ou de proposition, les compléments indirects se placent bien avant, il est fort surprenant de trouver des compléments d’agents du passif placés, comme en français, après le verbe.
L’ordre des mots ne se calque pas sur celui du français.
Un adverbe se place avant le mot qu’il modalise, la négation tend à précéder immédiatement le mot, verbe, adverbe ou adjectif, sur lequel elle porte.
Res vient en premier, son adjectif épithète ensuite.
L’attribut se place avant le verbe – copule – sauf en cas de définition. [RJ-AEGr 2006]
L’ordre des mots, constamment barbare, souligne combien les candidats ont peu de lecture quand ils arrivent à l’agrégation. [RJ-AEGr 2014]
Certains mots ne peuvent pas se mettre en première position : † autem, † uero, † enim.
Métaphores et images
Il faut faire particulièrement attention au rendu des mots abstraits français, des métaphores (doivent-elles être conservées ou non ? sont-elles latines ?) ; ne pas hésiter à mettre un ut ita dicam, ou un quasi. [RJ-AEGr 2007]
Il faut tâcher à rendre métaphore pour métaphore, comme en version. [RJ-AEGr 2011]
Noms propres
La traduction des noms propres a été souvent l’occasion de maladresses plus ou moins graves : on ne peut par exemple accepter au niveau de l’agrégation que Candide devienne un simple Gaius et Pococuranté un simple Publius : c’est céder à la facilité et témoigner d’un manque d’attention à la saveur étymologique des mots. [RJ-AEGr 2011]
Comment traduire le nom de Manon ? Le jury a été ouvert à toutes les possibilités, pourvu qu’il y eût une cohérence d’un bout à l’autre de la copie et, surtout, que les formes employées fussent conformes à la déclinaison choisie par le candidat. Une adaptation comme Mano, onis semblait naturelle et nous avons également accepté la première déclinaison Manona, ae. Dans tous les cas, nous demandons aux candidats de ne pas contourner la difficulté en optant pour le mièvre puella et, défaut inverse, d’éviter des noms sans lien avec le texte et fort surprenants (nous avons par exemple rencontré Maria et même Magdalena). [RJ-AELC 2013]
Appenninus, i, m., l’Apennin
Morphologie
Progressus facere in studiis dit Cicéron, dans Les Tusculanes, mais il vaut mieux ne pas écrire progressuum et progressibus.
Attention à la déclinaison d’effigies, ei, f. : les mots de ce type, hormis les plus courants, n’admettent pas de formes aux cas obliques pluriels : il ne faut pas écrire *effigiebus, notamment.
Ni l’infinitif ni le participe futurs ne sont passifs.
(com)plures, rium mais (com)plura
quadringenti
Syntaxe
La règle d’emploi de suus ou de eius fait vraiment partie de la quinzaine de règles pour lesquelles le jury attend du candidat des connaissances réflexes. [RJ-AEGr 2009]
Un latiniste chevronné connaît l’attraction du genre du pronom sujet par le genre de l’attribut. Rappelons-le : il est obligatoire d’écrire, selon le bon vieil exemple : animal (neutre) QUEM (masculin) hominem (masculin) vocamus. [RJ-AELC 2010]
Quisque ne s’emploie en langue classique qu’après se, un superlatif, un adjectif ordinal, un relatif, un interrogatif et ut : dans les autres cas, il convient d’employer unusquisque.
Dic mihi nec quicquam dissimulaueris ! [RJ-AELC 2016]
Questions de modes
Quippe qui (sens causal) est toujours suivi du subjonctif.
Constructions des verbes
Video se construit avec un participe si c’est un verbe sensoriel, avec une proposition infinitive dans les autres cas.
« Apprenez qu’on court » : scite curri (pas de sujet car c’est un passif impersonnel).
Celare prend deux accusatifs (aliquam rem aliquem celare).
Adsuescere et consuescere se construisent avec l’infinitif, mais pas avec la proposition infinitive ; de même, attention aux constructions de adsuefacere et se adsuefacere.
Être attentif aux constructions et aux emplois de meminisse, recordari, reminisci.
Vocabulaire
Mundus, i, m. signifie « l’univers » plutôt que « le monde » (orbis terrarum ou terra ou homines ou omnes dans certains cas).
Petits trucs d’importance
Le o avec un vocatif est d’un style très élevé.
Respublica : à écrire plutôt en un seul mot, mais décliner les deux éléments.
Mettre des majuscules à tous les noms géographiques (urbs Graeca mais « cité grecque »).
Ne pas utilise quis pour quibus.
Aliquis (et ses composés) devient quis après si, nisi, ne (+ subj.), num, cum (répétition), dum et un relatif : il faut donc écrire inter ea maxima consilia quae qui homo…
Il faut bannir les formes surcomposées.
Ne pas rajouter des ipse (surtout pas à la place de is, ea, id).
« Cicéron, le meilleur desorateurs de son temps », Cicero, quo illis temporibus nemo melior fuit orator.
« À l’âge de trente-ans » : tres et triginta annos natus ou cum tricesimumquartum annum ageret (ajout d’une unité quand on emploie l’ordinal)
Les fautes récurrentes
• les fautes de temps (en principales et dans la proposition infinitive, l’ablatif absolu et l’interrogative indirecte)
• les réfléchis
• le participe futur (qui ne peut être qu’actif ou déponent, jamais passif)
• les indéfinis
• les compléments de lieu et de temps
• les emplois du subjonctif
• l’attraction modale
• le discours et le style indirects
Revoir les chiffres, les cardinaux, les numéraux, les multiplicatifs, les distributifs et leurs syntaxes.