Sylvie Laigneau-Fontaine, Rome par les textes. Anthologie, Paris, Le Livre de poche, « Classiques », janvier 2023, 416 p., 8,90 €. EAN13 : 9782253104384. Disponible en version numérique (8,49 €).

Retrouvez ces informations sur le site du Livre de poche.

Romulus et Rémus, César, Caligula, Néron ou Hadrien : autant de noms qui, à l’instar d’expressions comme « passer sous les fourches caudines », « toi aussi, mon fils ! » ou « l’argent n’a pas d’odeur », évoquent un souvenir ou « disent quelque chose » à la majorité d’entre nous, car notre société est encore baignée de culture latine. Mais de plus en plus, les souvenirs sont vagues et la chronologie hésitante.

À travers cent textes célèbres de grands auteurs latins et grecs – Tite-Live, Ovide, Plutarque, Jules César, Sénèque et bien d’autres –, cet ouvrage de « culture romaine » se propose de fixer les grandes lignes de l’histoire de Rome, de donner chair aux personnages et de faire revivre les épisodes marquants de cette civilisation qui a brillé pendant plus d’un millénaire, et qui a irrigué la culture occidentale, dans tous ses arts.

Entretien exclusif avec l’autrice

Pourriez-vous tout d’abord nous parler un peu de vous et de votre parcours ? 

Je viens d’une famille qui n’était pas du tout dans la culture ni l’enseignement (mon père était artisan frigoriste et ma mère était sa secrétaire) : je suis donc un pur produit de l’école républicaine ! Après une classe prépa au lycée Édouard Herriot à Lyon, j’ai intégré l’ENS Paris, où j’ai passé l’agrégation, puis entamé une thèse sur la femme dans la poésie élégiaque latine. Ensuite, j’ai eu la chance d’avoir un poste d’« Ancien Normalien Doctorant », comme cela s’appelait à l’époque (une sorte de contrat doctoral), puis un poste de Professeur Agrégé (PRAG) à l’Université de Bourgogne. Après ma thèse, j’y ai été élue maîtresse de conférences, puis, après mon HDR, professeure.

D’où vous est venue l’idée de cette traversée dans l’histoire et la littérature de Rome ? 

De mon expérience d’enseignante et de membre de divers jurys de concours. Les élèves et les étudiants, pour des raisons indépendantes de la volonté de leurs enseignants, sont moins bien formés en langues anciennes qu’ils ne l’étaient lorsque j’étais étudiante. À l’université, ceux qui choisissent d’apprendre le latin parviennent donc à peu près à maîtriser la langue, mais ont de grosses lacunes en histoire et en civilisation. C’est pour eux que cet ouvrage a été pensé, pour leur donner au moins les grands cadres chronologiques dans lesquels se sont déroulés les principaux événements de l’histoire de Rome.

Comment s’est déroulée l’écriture de l’ouvrage ? Quelles joies ? Quelles frustrations ? 

Quand j’ai proposé le projet au Livre de Poche, j’ai eu la chance qu’il soit immédiatement accepté et que l’on me laisse très libre quant au format et à la façon d’aborder les choses. J’avais fait pendant plusieurs année à l’université de Bourgogne, où j’enseigne, un cours de « culture romaine » qui avait bien marché : je voyais donc à peu près comment organiser l’ouvrage. Après, il s’est évidemment agi de faire des choix : de quels événements et de quels personnages parler ? quels textes citer ? Si frustration il y a, c’est là qu’elle réside : j’aurais aimé en dire plus… Mais j’ai pris énormément de plaisir à écrire ce livre, en essayant de me représenter quels textes pouvaient séduire le public visé.

À qui s’adresse ce beau petit volume ? Qu’aimeriez-vous qu’il apporte à ses lectrices et lecteurs ? 

Comme je l’ai dit, il a d’abord été pensé pour les étudiants. Mais il s’adresse aussi à toutes les personnes, nombreuses, qui s’intéressent à l’histoire de Rome ou qui ont gardé en mémoire de grands noms (Romulus, César, Auguste, Néron…) ou des expressions provenant de l’histoire romaine (« passer sous les fourches caudines », « le sort en est jeté », « toi aussi mon fils », une « vespasienne »…), mais qui ne savent plus vraiment à quoi ces noms ou ces expressions correspondent et qui ont envie de se rafraîchir la mémoire. J’ai voulu que l’ouvrage se lise facilement, qu’il mêle histoire et littérature, qu’il permette de connaître de grands et beaux textes et d’en percevoir les enjeux.

Enfin, quels sont vos deux textes préférés sur l’ensemble des cent extraits proposés ? 

La question est difficile ! Je dirais les textes de Virgile, parce que l’Énéide est une pure merveille ! Mais aussi le texte d’Ovide pour l’insolence duquel j’ai une tendresse particulière. Mais j’aime aussi la haine farouche de Lucain envers César, l’ironie méchante de l’Apocoloquintose de Sénèque, la profondeur des Pensées de Marc Aurèle… Il y a tant de choses magnifiques dans la « littérature latine » (même si Florence Dupont affirme que ce concept est inopérant) !

Un entretien plus complet se trouve sur le site de La Vie des Classiques !